Invitation de Goïta au sommet extraordinaire de la CEDEAO à Accra, une diversion de plus ?

Si l’Africain a vraiment développé une expertise, c’est celle du bavardage parfaitement inutile, de la diversion qui consiste à ergoter autour d’un sujet sans jamais se rendre capable de trancher d’un trait.

Ainsi sur le continent, l’on observe une multiplication de sommets de haut niveau sur toutes les formes possibles de thématiques y compris les plus incongrues, de colloques, de séminaires et consorts, alors que les résultats dans le quotidien des citoyens au nom de qui toutes ces rencontres sont censées s’opérer, restent toujours médiocres, sinon catastrophiques.

Le énième sommet qu’entendent organiser le vendredi 25 mars, les chefs d’État de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest consacré exclusivement au dossier malien, illustre parfaitement notre diagnostic.

Voilà une organisation sous-régionale qui, du fait d’un acte posé par un pays membre qui ne répond pas à ses principes, le suspend de toutes ses instances y compris ses sommets, avec cette injonction qu’il ne pourra rejoindre la communauté qu’à la condition d’un retour à “l’ordre constitutionnel”.

Alors que le pays ainsi suspendu ne fait pas encore la cour à ses pairs pour les rejoindre, ceux-ci, tout seuls, s’agitent et prennent encore des sanctions à la fois illégales et illégitimes dans le but de l’étouffer systématiquement et ainsi de le pousser à se soumettre à leurs désidératas.

Pendant ce temps, le Mali supporte stoïquement les sanctions, prends des mesures pour les contourner et se fait d’autres partenaires et des issues nouvelles à même de lui donner un nouveau souffle. Cela dérange encore les mêmes chefs d’État qui envoient un émissaire pour négocier la durée de la transition.

Le Mali ne refuse pas l’offre, elle met sur la table les besoins de réformes recommandées par la même CEDEAO, depuis 2018, comme conditions impératives avant toutes élections dans ce pays.

Ensuite, les autorités maliennes réduisent les prévisions de la durée de la transition qui allaient jusqu’à 5 ans à 36 mois, puis à 29 mois et enfin à 24 mois.

Mais la délégation de la CEDEAO est restée figée, inflexible avec ses 12 mois sans bouger d’une virgule, alors qu’il s’agit bien d’une négociation entre deux parties qui doivent concilier les points, en vue d’un consens qui tienne compte des impératifs indispensables à l’organisation d’une élection réellement démocratique offrant les gages de transparence, de liberté et de participation effective de la majorité du peuple de ce pays.

Finalement, le constat d’échec est établi et la délégation quitte Bamako. Curieusement, quelques jours après, c’est encore la même CEDEAO qui se propose d’inviter, cette fois-ci, le président du Mali suspendu, sévèrement puni et mis sous sanctions, à prendre part à un sommet dont l’accès, en principe, lui est formellement interdit jusqu’à nouvel ordre.

Que retentir de tous ces vacillements, ces contradictions, ces incohérences et ce coq à l’âne de cette communauté sous-régionale?

Que la CEDEAO elle-même se cherche; elle se cherche tant et si bien qu’elle ne sait plus très bien la voie lucide et idoine à prendre pour cerner les dirigeants maliens et les contraindre à tous prix à la docilité et au conformisme.

Sinon, que veut savoir de nouveau la CEDEAO qu’elle ne sait pas encore sur le Mali et dans quel but, alors que le peuple malien attend des résultats concrets, un espace de liberté et l’écosystème qui lui permette de décider par lui et pour lui ?

En tout état de cause, il appartient au président malien de décider de l’opportunité ou non pour lui de se rendre à Accra le vendredi prochain. Mais une chose est certaine, le pacte de la péroraison, de la diversion et des théories sans pratiques, propres à cette communauté, ne sera guère rompu juste à cause de sa présence éventuelle dans la capitale ghanéenne.

Est-il vraiment prêt à se laisser distraire ou même humilier alors que son peuple attend de lui des actions audacieuses et déterminantes qui consacrent sa libération de la tutelle des éternels donneurs de leçons?

L’on aura la réponse à tout ceci dans 24 heures, pas plus…

Luc Abaki

3 thoughts on “Invitation de Goïta au sommet extraordinaire de la CEDEAO à Accra, une diversion de plus ?

  1. Le club mafieux françafricain dénommé CEDEAO est toujours dans ses contradictions stupides pour se ridiculiser davantage!
    Comment peut-on suspendre un pays membre de ce club d’ailleurs infréquentable, puis inviter par la suite le Chef de cet État à assister à une réunion de ce même club mafieux?
    Quand on va maintenant souligner cette INCOHÉRENCE dégoûtante au vieux grabataire, sanguinaire et mafieux Alassane Dramane Ouattara et à son alter ego dodu ghanéen Nana Akuffo-Addo, la seule réponse qu’on pourra obtenir du premier est qu’il a été une fois “directeur-adjoint” du Département-Afrique au Fonds Monétaire International (qui a pourtant ruiné systématiquement les pays africains à travers le fameux “Programme d’Ajustement Structurel”).
    Tant que les Forces Vives (tant militaires que civiles) dans nos pays ne vont pas prendre la mesure de la Gravité de la situation de nos pays pour DÉGOMMER RADICALEMENT tous ces usurpateurs pourris mis de force à la tête de nos États par des milieux obscurs étrangers, on ne va pas sortir de l’ornière, malgré toutes nos Potentialités intellectuelles, malgré toutes les Richesses naturelles disponibles dans nos pays et malgré la volonté entrepreunariale qui animent beaucoup d’Africaines et d’Africains!
    ON DOIT NÉCESSAIREMENT LES DÉGOMMER !!!
    C’est un Devoir Citoyen de Salubrité Publique!!!

    K. Kofi FOLIKPO
    http://www.kebo-toe.net/?page_id=2676

    1. Tu as tout dit, de façon eloquente d’ailleurs, comme d’habitude. En fait je vois vraiment pas le bésoin de vouloir négocier avec ces laquais du colon français. Les autorités maliennes doivent penser à sortir de ce carcan qui les empèche de conduire leur pays dans l’intèrêt supérieur de leur nation. On étudie, dit-on, les 30 mois de transition proposée par le gouvernement burkinabe on est intransigent sur le respect de 12 mois de transition au Mali. L’occident en général et la France en particulier redoute le partenariat entre ce pays et la Russie et par conséquent instrumentalise ces dictateurs pour destabiliser les autorités maliennes.
      Qu’ont donné les elections au Togo? Sans des la présence des institutions solides, les elections ne seront qu’une decoration qui permettra à la France d’installer marrionnette.

  2. Ce sommet c’est le piège françafricain qui veut se refermer sur les maliens et leurs dirigeants actuels. Je vois plein de loups à Accra et je vois des vautours dans le ciel d’Accra. 

    Qui va croire que ce syndicat de corrompus dictateurs multi-putschistes et la main qui est derrière lui veulent le bien du Mali ? Le piège qu’ils ont tendu aux maliens s’est refermé sur eux-mêmes.

    Comment des gens qui ont voulu “assassiner” le peuple malien en Janvier en voulant l’affamer vont devenir subitement gentils ? hein ?

    Comment des gens qui ont le projet d’envoyer des tueurs à gage au Mali sous le couvert de l’ONU vont être des interlocuteurs crédibles pour les autorités maliennes ?

    Il faut arrêter d’être naïfs!

    Maintenant que la CEDEAO et son donneur d’ordre n’ont rien obtenu des autorités maliennes par la force, les menaces, les sanctions, les médias de propagandes, etc., ils veulent essayer la méthode douce, la séduction. Ils ont peur que la capacité de résilience que développe le MALI pour s’affranchir de ces situations

    pour se soucier enfin d’un vrai développement ouvre les yeux aux autres pays francophones qui ont voté les sanctions ! La France ou le gouvernement Français ne veut pas de cela et cherche à temporiser, avant de tirer plus tard. c’est mon point de vue. Les maliens feront ce qu’ils voudront.

    Ce qui est certain, ces gens n’ont jamais fait de cadeau. C’est pourquoi je rejoins MAINTENANT le camp de ceux qui disent que le MALI doit sortir de ce truc de CEDEAO, peu importe le prix. 

    Le Mali doit avoir les meilleurs monétaristes pour battre sa propre monnaie adossée à sa propre économie, ou bien adossée aux monnaies de pays du BRICS comme la Russie et à la Chine.

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