Togo- La « grande victoire d’étape » de la DMK

En conférence de presse mercredi à Lomé, les responsables de la Dynamique Mgr Kpodzro (DMK) en ont tiré les conséquences juridiques et politiques de la décision rendue par la Cour de Justice de la CEDEAO  dans l’affaire opposant Agbéyomé Kodjo à l’Etat togolais. Dans la foulée, Mme Adjamagbo-Johnson et ses camarades sont également revenus sur la vie chère au Togo et le bras de fer entre les enseignants et le gouvernement. “Nous n’en pouvons plus ! Les togolais n’en peuvent plus !”, a pesté la DMK. Lisez plutôt!

DMK: IL EST TEMPS POUR LE RÉGIME TOGOLAIS DE SE RESSAISIR !

Nous sommes heureux de vous retrouver de nouveau, après notre dernière conférence de presse bilan de deux années de lutte. Nous avons jugé utile de vous entretenir et au-delà des journalistes que vous êtes, d’informer le peuple togolais, sur les développements récents relatifs au combat de libération que nous avons engagé avec courage et détermination, aux graves problèmes que connaît le secteur de l’éducation et aux conditions de vie de plus en plus difficiles des togolais.

I- Le gouvernement de fait du Togo doit tirer toutes les conséquences de la décision de la Cour de justice de la communauté CEDEAO du 24 mars 2022

Depuis le 24 mars dernier, la Cour de Justice de la communauté CEDEAO (ciaprès la Cour) a rendu un arrêt condamnant l’Etat Togolais dans l’affaire qui l’oppose à Dr Gabriel Agbéyomé Messan KODJO. Il s’agit notamment de l’affaire liée à la revendication de la victoire du peuple Togolais à l’élection présidentielle du 22 février 2020 par le Président Agbéyomé KODJO, candidat porté par la DMK.

La décision dit en substance ce qui suit :

• La Cour constate la violation par l’Etat Togolais du droit du Président Agbéyomé Messan KODJO à la liberté d’expression, prévu aux articles 9 de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples et de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

• La Cour déclare en outre que l’arrestation et la détention de Dr Gabriel Agbéyomé Messan KODJO par l’Etat Togolais étaient arbitraires et illégales.

• La Cour ordonne enfin à l’Etat Togolais de payer le montant d’un (1) franc CFA, tel que demandé par Dr Gabriel Agbéyomé Messan KODJO lui-même, à titre de réparation symbolique des dommages immatériels qu’il a subis du fait de la violation de ses droits. La DMK considère cette décision de la Cour de Justice de la communauté CEDEAO comme une grande victoire d’étape et voudrait vous expliquer les raisons et les conséquences qui doivent en découler. C’est en partie l’objet de notre invitation à vous adressée ce jour. En effet, l’arrêt No ECW/CCJ/ JUD/ 11/22 de la cour de justice de la communauté CEDEAO implique des conséquences juridiques, et politiques.

  1. Au plan juridique

La cabale judiciaire enclenchée contre le président Agbéyomé KODJO et tous ses camarades en l’occurrence Mme Kafui ADJAMAGBO-JONHSON, Messieurs Fulbert ATTISSO et Marc MONDJI et qui place ces derniers sous contrôle judiciaire jusqu’à ce jour doit immédiatement cesser. Cela implique nécessairement que toutes les mesures prises contre le Président Agbéyomé KODJO notamment le mandat d’arrêt international lancé à son encontre dans le cadre de la réclamation de la victoire du peuple à lui confiée le 22 février 2020, sont illégales et arbitraires et doivent être levées. Il en est de même des procédures engagées contre tous les autres acteurs politiques impliqués dans les revendications de la victoire notamment Messieurs DJOSSOU Gérard et Jean-Paul OMOLOU. Il doit s’en suivre naturellement le retour au Togo du Président Agbéyomé KODJO, de Monseigneur Philippe KPODZRO et de Marc MONDJI en toute sécurité et sérénité, ainsi que la libération immédiate et sans condition de JeanPaul OMOLOU.

Le Président Gabriel Agbéyomé Messan KODJO doit être rétabli dans ses droits en retrouvant son immunité parlementaire.

2. Au plan politique

Cette décision de la Cour de Justice de la communauté CEDEAO vient confirmer que les tenants actuels du pouvoir d’Etat ont usé de la force et de la violence avec l’appui et la complicité active de la justice togolaise pour violer les droits d’un candidat choisi par le peuple, en l‘empêchant de contester les résultats manifestement truqués d’une élection et de revendiquer la victoire du peuple.

L’arrêt de la Cour de justice de la communauté CEDEAO confirme aussi malheureusement que notre justice est confisquée par le régime obsolète plus que cinquantenaire du Togo, et que les juges ne sont pas libres de dire le droit.  Le système judiciaire togolais doit être véritablement réformé et les magistrats doivent avoir le courage de prendre leur responsabilité au risque de continuer à être désavoués et ridiculisés à l’extérieur.

Au plan politique, en considérant comme une violation des droits du Président Agbéyomé KODJO, le fait de lui interdire désormais de continuer à revendiquer sa victoire, la Cour de justice de la communauté CEDEAO reconnaît la légitimité de son combat et par conséquent, le combat de la DMK et des populations togolaises qui ont exprimé le 22 février 2020 leur désir ardent de rompre avec le régime actuel.

Au-delà du pouvoir judiciaire, la victoire du président Agbéyomé KODJO contre l’Etat Togolais dans cette affaire liée à l’élection présidentielle du 22 février 2020, vient confirmer, s’il en était besoin que les institutions de notre pays chargées de préserver le respect des droits des citoyens sont inféodées au pouvoir en place et contribuent activement à confisquer les libertés des peuples qu’elles maintiennent à dessein dans une terreur sans pareille.

Il appartient donc aux tenants actuels du pouvoir de tirer toutes les conséquences de l’issue de cette procédure judiciaire qui vient établir une fois de plus la preuve de leur confiscation par la force et la violence de la victoire du peuple. Il est temps que la voie difficile, mais de sagesse, choisie jusqu’à présent par le peuple pour réaliser l’alternance au sommet de l’État, soit respectée par tous et surtout par ceux qui, par la force et la terreur, s’imposent au peuple Togolais depuis plus de 54 ans de règne dictatorial sans aucun résultat tangible.

La situation particulière de la vie chère au Togo, les nombreux cas de violation des droits humains, les crises sociales récurrentes dans les secteurs de l’éducation nationale et de la santé ainsi que l’état moral dégradant des citoyens sont la preuve de l’échec de cette dictature cinquantenaire de la famille Gnassingbé et ses complices. Ainsi, par le verdict de la Cour de justice de la communauté CEDEAO, l’échafaudage bien conçu pour opérer le coup d’État électoral qui a permis de confisquer jusqu’à ce jour la victoire du peuple Togolais et de la DMK vient de s’écrouler.

Les Juges de cette Cour viennent de démontrer implicitement et de manière magistrale que la justice Togolaise a été instrumentalisée pour anéantir le véritable gagnant de l’élection au profit du grand perdant de l’élection présidentielle du 22 Février 2020. La DMK témoigne sa reconnaissance aux membres de la Cour de justice de la Communauté CEDEAO qui ont eu le courage de braver sûrement les multiples méthodes que le pouvoir a l’habitude d’utiliser pour détourner la vérité des faits en affichant aux yeux du monde une image de pouvoir sérieux et légitime, alors qu’il puise sa longévité dans la ruse et la corruption à plusieurs échelles. La DMK félicite les Avocats Maître Darius Kokou ATSOO et Maître Kouadio N’Dry Claver pour leur courage et leur efficacité qui ont permis de gagner ce procès.

La DMK exhorte les dirigeants politiques de la CEDEAO à prendre exemple sur leurs collègues magistrats de la juridiction communautaire pour faire droit aux peuples africains meurtris par la mauvaise gouvernance. La DMK rassure le peuple Togolais sur son engagement réel et constant et sa détermination à le conduire à la victoire définitive. La DMK encourage le peuple togolais à se départir de toute peur pour prendre définitivement en main son destin.

II- Le gouvernement de fait doit cesser de jouer avec le feu et prendre enfin en compte les revendications légitimes du Syndicat des Enseignants du Togo (SET)

Le Syndicat des Enseignants du Togo (SET) vient de lancer du 4 au 7 avril 2022, son troisième mot d’ordre de grève qui fait suite à celui des 29, 30 et 31 mars 2022, lui-même précédé par le premier couvrant la période du 24 au 25 mars 2022.

En réponse à ce mouvement par lequel les enseignants réclament de meilleures conditions de vie et de travail, le gouvernement de fait n’a pas jugé utile d’ouvrir des discussions. Bien au contraire, il a préféré user d’intimidations, de menaces, d’injures et de toutes sortes de manœuvres y compris, monter les élèves contre les enseignants. Emboîtant le pas à son collègue KOKOROKO qui dit avoir rafalé les responsables des établissements et dispose des missiles avec lesquels il va écraser les enseignants depuis les rives de l’OTI, le Ministre des pistes rurales M. TCHEDE-ISSA Bouréima tient des propos discriminatoires et ethnocentristes selon lesquels : « Quand on fait des concours (…), tous ceux qui sont derniers viennent des savanes, (…). Nous sommes obligés de passer par d’autres moyens qu’on essaye de repêcher certain de vous pour qu’ils puissent devenir enseignants, pour qu’ils puissent devenir personnels de santé. »

La DMK considère que ces propos irresponsables du Ministre TCHEDE constituent des aveux de clientélisme, de magouille, et de la corruption au sein de l’administration publique togolaise. Ce qui représente un grave danger pour notre pays.

Jamais un membre du gouvernement n’aura fait preuve d’autant de légèreté et de vulgarité traduisant une médiocrité, voire une misère morale et intellectuelle ! Mettant en pratique ses menaces de sanctions, le Ministre des enseignements primaire, secondaire, technique et de l’artisanat a reversé dans un premier temps 137 enseignants grévistes puis 9 autres hier, dans la fonction publique, expulsant ainsi du corps des enseignants le personnel formé pour éduquer dans différents domaines. Les élèves qui se sont révoltés à leur tour, réclamant leurs 5 enseignants renvoyés et le droit d’étudier, sont devenus la cible du régime qui n’a pas hésité à arrêter 7 d’entre eux.

La DMK est très préoccupée par la situation créée dans le secteur de l’éducation, lorsqu’on sait l’importance de l’éducation pour le devenir des nations. La DMK rend responsable le gouvernement de fait des conséquences de sa gestion calamiteuse des problèmes de l’éducation et de la grève en cours. Elle ne comprend pas l’attitude indigne de ces responsables gouvernementaux qui se comportent comme des extraterrestres vis-à-vis de ceux qui ont en charge la formation et l’éducation de nos enfants qui sont la relève de demain.

La DMK exige des autorités judiciaires du pays l’ouverture d’une enquête pour déterminer les auteurs des faits avoués par le Ministre TCHEDE et l’ampleur des dégâts causés par ces pratiques honteuses et immorales. La DMK appelle en conséquence les autorités à se ressaisir et à :

– Libérer immédiatement les 7 élèves arbitrairement et abusivement arrêtés et gardés ;

– Rapporter dans les meilleurs délais la décision de renvoi des 146 enseignants du corps de l’enseignement afin de ramener le calme dans le secteur de l’éducation ;

– Engager des discussions sérieuses et franches avec le SET et tous les acteurs du secteur de l’éducation au lieu de continuer sa fuite en avant en cherchant à faire de faux dialogues avec ses amis plutôt qu’avec ses adversaires, comme elles savent le faire aussi en politique.

Ce n’est qu’à ce prix que des solutions idoines pourront être trouvées aux légitimes revendications des enseignants. Il y va de l’avenir de nos enfants et de notre jeunesse.

III- Il est temps de poser des actes concrets pour juguler l’inflation galopante sur les prix des denrées de base, au lieu d’en rajouter, et trouver des solutions aux souffrances des togolais qui n’ont d’autres choix que de recourir au suicide

Plus d’une fois déjà la DMK a, lors de ses sorties, dénoncé l’inaction du gouvernement face à la vie chère, et critiqué bien de ses décisions qui continuent à rendre très difficile la vie quotidienne des togolais.

Nous n’en pouvons plus ! Les togolais n’en peuvent plus !

Le désarroi devant l’impossibilité de subvenir à leurs besoins alimentaires et autres besoins sociaux pousse de plus en plus de togolais à renouer avec le suicide. Jeunes et adultes y ont recouru ces derniers temps sans que les 6 dirigeants de fait de ce pays ne s’en émeuvent. Bien au contraire, ils en rajoutent à la vie chère en décidant une augmentation substantielle des prix des produits pétroliers qui sans aucun doute entraînera à nouveau une hausse fulgurante des prix des produits de première nécessité.

La DMK s’indigne devant autant de carence et s’interroge si le pouvoir en place, se sachant rejeté, ne cherche pas à se venger des togolais. La DMK qui a suivi la sortie des organisations de la société civile sur la vie chère appui leurs demandes de mesures concrètes qui doivent être prises en urgence. Certaines de ces mesures concernent la suppression des taxes aux revendeuses et des péages. Dans bien de pays, et plus précisément au Bénin, les prix de première nécessité ont été subventionnés. Les droits de douanes sur ces produits pourraient aussi être désarmés.

La DMK met en garde le régime contre le cocktail détonnant qu’il prépare en exacerbant les mécontentements au sein de la population. La DMK se tient aux côtés des populations en ces moments difficiles, et réaffirme sa disponibilité ainsi que sa détermination à poursuivre plus que jamais son combat jusqu’à ce que le désir d’alternance du peuple soit concrétisé. Elle exhorte à nouveau le peuple à se départir de toute peur, et à être acteur lui même des changements nécessaires à son bonheur!

Fait à Lomé, le 6 avril 2022.

La conférence des présidents

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