La vraie réconciliation ne se résume pas à distribuer de l’argent aux victimes quand les auteurs des crimes continuent de faire la pluie et le beau temps. Sans la vérité et la fin de l’impunité au Togo, on pourra débloquer tout notre budget à cet effet, ça ne permettra pas de panser les cœurs qui saignent durant des décennies.
La réconciliation nationale n’est pas possible quand les richesses de la République sont entre les mains d’une poignée d’individus. La réconciliation nationale n’est pas possible quand les mêmes personnes continuent d’appauvrir sans pitié nos parents, nos enfants et nos populations….
La vraie réconciliation est contraire aux menaces de morts et aux emprisonnements arbitraires et suicidaires. La réconciliation nationale n’est pas possible quand des fils et filles dignes du pays sont contraints à l’exil. La réconciliation nationale n’est pas possible sans l’alternance au sommet de l’État dixit Mgr Barrigah lors de la CVJR.
La réconciliation nationale n’est pas possible quand le juge ne peut pas dire le droit. Bref, la réconciliation nationale ne se décrète pas, mais elle se vit. Depuis des années, le Togo vit les mêmes problèmes et les victimes sont pour la plupart ceux et celles qui ne sont pas au pouvoir. Somme toute, la vraie réconciliation passera par une transition politique ou par une alternance politique au sommet de l’État et seules les victimes pourront pardonner les bourreaux qui ne sont pas prêts à prendre conscience du mal qu’ils font subir à leurs propres frères et sœurs tous les jours durant plus de 50 ans.
On ne peut pas réconcilier un peuple dévoré par la misère et l’arbitraire pendant plus d’un demi-siècle. Il faut cesser de faire semblant avec l’intention de flatter la communauté internationale. Les problèmes qui divisent les togolais depuis des années sont connus de tous.
L’héritage de toute la nation doit revenir à toutes les composantes de la République à travers une alternance politique au sommet de l’État et cela, sanctionnées par des garanties durables et consensuelles pour préserver le vivre ensemble cher à nous tous. Si j’avais un conseil à donner à la Médiatrice de la République, ce n’est pas l’argent qui panse les coeurs qui saignent durant plus d’un demi-siècle, mais plutôt la quête de la Vérité et du consensus national. Les togolais ont besoin d’un souffle nouveau qui sera une catharsis d’une importance capitale et salutaire. Le reste n’est que fuite en avant. Que Dieu nous vienne au secours pour transcender dans la Vérité et le respect mutuel nos divergences.
Bouraïma Naboudja