AFRIQUE/TOGO : UN SYSTÈME ÉDUCATIF OBSOLÈTE, UN FREIN AU DÉVELOPPEMENT ENDOGÈNE

AFRIQUE/TOGO: UN SYSTÈME ÉDUCATIF OBSOLÈTE, UN FREIN AU DÉVELOPPEMENT ENDOGÈNE

C’est la période des examens un peu partout dans le système éducatif africain, le moment choisi pour plancher sur les incohérences dans l’éducation scolaire dans nos pays surtout francophones d’Afrique.

Dans les programmes pédagogiques africains, on casse la tête des apprenants en leur faisant connaître par coeur non seulement l’histoire, la géographie, l’économie des pays occidentaux et de certains dragons asiatiques mais aussi des futilités qui n’ont aucune incidence directe sur le développement et l’essor économique et social du continent. Bien évidemment en dehors de la culture générale.

Par contre en occident et dans les supra-économies asiatiques, élèves et étudiants sont incapables de situer l’Afrique par rapport à leurs pays, pire situer géographiquement un pays africain sur une carte. L’essentiel du cursus scolaire étant dirigé vers l’essentiel.

À quand une refonte du système éducatif africain pour aller à cet essentiel et mettre à l’ordre du jour l’apprentissage de nos langues, les potentialités économiques de nos pays, la recherche, la technologie, bref tout ce qui doit concourir à l’émergence.

Le retard de l’Afrique est aussi dû – en dehors des contingences habituellement citées – au lessivage systématique de nos identités, de nos capacités à réaliser et assumer notre autonomie et de nos projections sur l’avenir. Le futur ne se contruit-il pas au présent?

Au Togo, la refonte du système éducatif est un chemin de croix. On s’accroche au système colonial et ses traces sont visibles tout le long des cursus scolaires. Les quelques réformes opérées sont timides et manquent de volonté de rupture avec l’ordre préétabli.

Le Probatoire communément appelé BAC I est une perte de temps, d’énergie pour les élèves et cet examen fait échouer beaucoup de candidats. Or nulle part pour passer un examen officiel, pour un recrutement, ce diplôme n’est demandé. Il est donc par essence obsolète. Pourquoi persister à faire cet examen qui retarde les élèves et nécessite des moyens financiers pour son organisation?

La tendance dans les pays occidentaux est zéro échec scolaire. Or il se fait que nos gouvernants applaudissent avec un taux de réussite au baccalauréat avoisinant les 30 à 40%. Ce qui est un échec patent du système éducatif. La France, pays duquel est tiré notre modèle d’apprentissage scolaire a des taux de réussite qui descend rarement en dessous de 80% au BAC et là encore le

gouvernement, les enseignants et les associations des parents d’élèves râlent.

L’autre stupidité est la pléthore de matières à éliminer pour réussir un examen dans la plupart des États africains et principalement au Togo. Des matières qui n’ont aucun rapport avec les futurs diplômes à obtenir. L’une des conséquences de cette surcharge est que beaucoup d’élèves abandonnent à mi-chemin.

La logique voudrait qu’après les cours secondaires sanctionnés par le Brevet d’étude du Premier cycle (BEPC) que les élèves puissent être orientés vers les filières dans lesquelles ils veulent exceller ou continuer leurs cursus, les diriger vers les formations adéquates, tout en tenant compte du marché de l’emploi. Ceci avec le concours et la mise en place dans les établissements scolaires secondaires d’unités d’orientation scolaire à même de repérer et de suivre les élèves.

Innocent Kagbara le député PDP, patron de la Commission Éducation à l’Assemblée nationale a la lourde de responsabilité de proposer une réforme audacieuse du système éducatif togolais pour l’adapter au temps, aux réalités et surtout l’orienter vers une éclosion de l’excellence. Persister à maintenir un système éducatif obsolète reviendrait à tracer le chemin à la médiocrité et à une panne générale du développement économique.

Anani Sossou

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