Lauréat du « Grand Prix National Bernard Dadié » du meilleur écrivain de Côte d’Ivoire 2022, l’écrivain Tiburce Koffi a refusé l’enveloppe d’un million F CFA dont est dotée la distinction.
Plusieurs lauréats ont été désignés lors de la remise des prix littéraires au Salon International du Livre d’Abidjan (SILA) 2022 le 17 mai dernier. Du prix Jean de Cavally pour la littérature infantile attribué à Fabienne Jonca, pour son œuvre “Flamboyant père Noël”, au prix national Bernard Dadié du jeune écrivain attribué à Nin Wlou pour son œuvre poétique, “La marche du feu” et du prix Sila de l’édition revenu aux éditions Mona grâce à l’œuvre intitulée “La révolte de Agba le manioc” de l’écrivaine Anzata Ouattara. Difficile de ne pas saluer l’allure de cet événement. Mais quid du Grand Prix National Bernard B. Dadié qui ne saurait manqué à la fête ?
Justement, ce prix a été bel et bien décerné, mais celui qui en était le récipiendaire, l’écrivain Tiburce Koffi pour ne pas le nommer, a littéralement refusé la somme d’un million Fcfa qui accompagnait le prix le samedi 21 mai.
« J’accepte le prix qui m’a été décerné, mais je n’accepterai pas la somme d’un million Fcfa, car c’est trop minime pour un prix dédié à l’un des premiers plus grands écrivains de la Côte d’Ivoire », s’est justifié l’auteur dans un premier temps, avant de rebondir : « Si on doit mettre 10 millions dans un concours de beauté et mettre un million dans un concours qui fait la promotion du livre c’est vraiment dommage. Du coup accepter cette somme, c’est comme offenser mon maître. Car, il vaut plus que cette somme ».
Une réaction aussi bien claire comme l’eau de roche, que saluée par des acteurs culturels d’ici et d’ailleurs qui ont fait chorus à ce qu’il convient d’appeler un coup de gueule bien senti.
Nombre de gouvernements africains ont en commun de négliger l’objet livre qui doit pourtant tenir une place non considérable dans l’univers culturel africain. Ils préfèrent investir dans des événements qui nivellent par le bas et qui ne poussent pas les apprenants à se cultiver autant que faire pourrait.
Au Togo, les autorités se mettent à quatre pour organiser un événement comme Miss qui n’apporte rien aux citoyens, à part l’aspect glamour dont le tour est vite fait. Pas étonnant que le niveau baisse dans les écoles. Si on pouvait privilégier les événements littéraires au même titre que les concours de beauté, le monde culturel ne s’en porterait que mieux.
Source : Le Correcteur N°1046
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