En vérité, tout le monde voyait bien que la thèse d’une attaque terroriste ne tenait pas. Les témoignages des témoins oculaires sur la présence d’une frappe aérienne, l’information sur l’acquisition des drones Bayraktar TB2 par notre pays, et même la relative discrétion du gouvernement suite à ce drame étaient autant d’indices sur l’erreur humaine.
Un drone en altitude a certainement identifié le déplacement d’un certain nombre de pax en direction de villages, qui ont malheureusement été pris pour des terroristes. Ce qui est arrivé est un immense drame pour les familles. Encore une fois, je leur présente mes condoléances.
Cependant, il faut aussi saluer le professionnalisme des forces armées togolaises. C’est l’une des rares fois que nos autorités reconnaissent leur erreur et c’est l’armée qui a fait cela. Pour être honnête, j’ai eu l’impression que le gouvernement a laissé les militaires gérer leur erreur tout seuls, là où la puissance de sa communication aurait dû jouer… Son silence pendant toute cette période n’a pas aidé à la restauration de la sérénité, d’autant plus que souvent, quand ce genre de drame survient, c’est notre ministre de la sécurité qui s’y colle.
Mais il faut se féliciter du dénouement de cette situation. Les erreurs de frappe sont malheureusement courantes, même dans les armées les plus sophistiquées du monde. Il faudra revoir les règles d’engagement, avec plus de coordination avec les troupes au sol. La précision des drones turques s’est encore une fois illustrée, même si les circonstances sont dramatiques. Mais on ne peut pas se fier uniquement à l’optronique des drones, la vérification au sol devrait être systématique en cas de doute.
Pendant ces deux jours, j’ai eu peur que le silence sur ce drame n’érode la confiance entre les Fds et les populations. Cet aveu va restaurer cette confiance. L’erreur est humaine et c’est courageux de le reconnaître. Merci au chef d’état-major général des armées. Il reste à indemniser les familles des victimes et à renforcer la cohésion. Que ces enfants soient décorés à titre posthume et que des rues portent leur nom.
C’est aussi le lieu d’insister sur la nécessité de respecter l’état d’urgence sécuritaire. Peut-être faudra-t-il instaurer un couvre-feu. Il faut éviter les déplacements nocturnes, dans la mesure du possible.
En ce moment, c’est le président de la HAAC qui doit passer une mauvaise soirée. Si lui aussi reconnaît qu’il a eu tort d’avoir invité le journal liberté suite à son article interrogatif sur l’explosion, ça va gêner qui même ?
Excusons-nous vivants.
Gerry Taama