Ceci est une tribune de Gerry Taama, président du Nouvel engagement togolais (NET), sur l’interdiction de vente du carburant en bidon aux stations-services par le gouvernement. Lecture !
Interdiction de vente du carburant en bidon aux stations d’essence, quand nos ministres font parfois comme s’ils ne vivent pas au Togo
C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles je ne veux pas être ministre. Je critique trop.
Sur papier, on peut trouver certaines raisons objectives à cette interdiction. L’essence, très inflammable, peut causer des incendies s’il est stocké dans des bidons. Et il y a eu déjà des incendies. Mais l’interdiction est-elle la seule réponse aux accidents ? C’est comme interdire la circulation automobile chaque fois qu’il y un crash routier.
Cette mesure appelle trois observations, comme d’habitude.
La première est que interdire la vente de l’essence en bidon dans les stations quand le boudè continue à se vendre dans les coins de rue partout n’est pas très crédible. Il faudrait gagner la bataille de l’interdiction du boudé sur l’étendue du territoire d’abord. Sinon, interdire la vente de l’essence en bidon dans les stations d’essence tout en tolérant le boudè, c’est comme boire akassan et refuser akpan.
La seconde réserve tient à la dérogation. Celle-ci tient de la théorie, mais est complètement hors sol. Il y a deux jours, je voulais acheter de l’essence pour mon groupe électrogène. Le pompiste a refusé, nous demandant d’aller à la mairie prendre une dérogation sur présentation du reçu d’achat du groupe. Ce groupe je l’ai depuis 12 ans. Donc, de garder le reçu ? Ça n’a pas de sens, d’autant plus qu’il n’y a pas que les groupes qui sont concernés. Tous les moteurs thermiques non électriques. Les bateaux, les moulins, les plates-formes multifonctionnels (complétez la liste) . C’est tout simplement pas possible. Mon bateau prend 350 litres de carburant et il n’y ps de station d’essence au port ? Je fais comment ? Ça n’a aucun sens.
La troisième observation, et de loin la plus sérieuse, c’est que les stations essence ne suffisent pas à ravitailler tous les Togolais en essence. Dans tout l’Est-Mono par exemple, la seule station d’essence est à Nyamassila, et un village comme Isati est à 70 kiloletres de cetre station. Que vont faire les habitants d’isati pour trouver l’essence quand ils sont à sec ? Transporter leur moto sur la tête sur 75km ? C’est la même chose dans Doufelgou. Massedena est à 74km de Niamtougou, où se trouve la seule station d’essence. Le ministre du commerce connaît normalement ces ratios. Une fois encore, ça n’a aucun sens.
Parfois, on a l’impression qu’on prend des décisions juste pour la forme, tout en sachant que personne ne va les respecter. L’ennui, c’est ce qui crée l’impunité, quand les citoyens s’habituent à ne pas suivre les règles.
Pour finir, pour un gouvernement qui nous parle tout le temps benchmark, ça se présente mal. Dans de plus en plus de capitales africaines, s’installent des stations d’essence automatiques, à paiement par carte. Les pompiste vont disparaître bientôt. Qui va interdire la vente au bidon.
Ce qu’il faut faire, c’est encore une fois la pédagogie. Dans presque tous les grands pays du monde, l’essence est en vente automatique et les gens se servent dans les bidons, mais on sensibilise les populations sur le bon usage. C’est de ça qu’il s’agit.
Et puis, si on veut absolument interdire quelque chose, que ça soit l’alcool. L’alcool fait plus de victimes que toute autre pratique humaine. (boutade)
Dites moi ce que vous pensez de cette interdiction.
Indignons-nous vivants.
Gerry
Suis je bête… moi qui pensait que c’était principalement pour entraver la mobilité des groupes armés terroristes…
Ah bon? Les groupes terroristes armés ne peuvent-ils pas se procurer facilement de Boudè sans éveiller le soupçon de qui que ce soit?