L’enjeu est de taille et le défi plus que grand: la lutte contre le terrorisme qui a commencé, sérieusement à décimer la vie des dizaines de citoyens dans cette région et à instaurer une psychose généralisée au sein de la population togolaise.
Ainsi, le président de la République a pris sur lui, d’aller directement à la rencontre de la population à la base en vue d’échanger avec elle sur les contours de ce fléau. L’initiative, évidemment est à saluer et même à encourager. Mais elle n’est pas suffisante.
Après une telle étape où toutes les voix se sont levées, pêle-mêle pour s’exprimer, il faudrait initier d’autres rencontres, plus intimes, plus restreintes avec les chefs traditionnels, garants des us et coutumes en qui la population se retrouve aussi aisément, les leaders d’opinion, les responsables des groupes organisés.
Avec eux, aborder rigoureusement le sujet de manière plus organisée, plus approfondie et plus détaillée, mais surtout aussi en saisir l’occasion pour assigner chaque chef d’une mission d’intermédiation entre le pouvoir officiel et les populations à la base.
Une fois imbu de cette autorité, de ce pouvoir qui lui a été ainsi dûment rappelé, chaque chef, chaque leader d’opinion et chaque responsable de groupe organisé se sentira si respecté, si considéré et si aimé qu’il va se résoudre à travailler avec plus d’aplomb et de dextérité aux côtés des siens. Car il ne voudra, en aucun cas, être perçu comme étant inefficace ou quelqu’un qui trahit une confiance aussi noble et aussi rare qui vient de la plus haute autorité du pays, surtout si celle-ci est adjointe de moyens conséquents de bord.
C’est alors que si des mécanismes efficients de circulation de l’information, de sa remontée vers le haut sont mis en place et bien entretenus, tous les acteurs se sentiront totalement concernés par ce qui se passe dans leur contrée et se feront un point d’intérêt à non seulement transmettre ces informations, mais aussi, à agir dans l’intérêt du collectif. Il s’agit là, d’un mécanisme astucieux qui augmente substantiellement le niveau d’engagement des citoyens et les rend compétents dans l’abord des sujets relatifs au devenir même de la société.
Le secret d’une telle démarche est de créer ce que l’on appelle en leadership “le cerveau collectif” qui permet de capitaliser toutes les intelligences existant dans le pays et de les utiliser judicieusement pour trouver des solutions idoines aux divers défis se présentant à la nation elle-même. Elle a pour puissance d’amener chaque citoyen à se sentir concerné, sans détour ni dérobade, par tout ce qui est lié à la vie sociale et sociétale du pays. Son efficacité est si dense qu’elle dépasse de loin, des radars de surveillance ou des moyens sophistiqués de contrôle dans la vie d’une société.
Si aux équipements militaires, à la mobilisation des militaires, gendarmes et policiers, cette méthode de création de la complicité et de la confiance entre les dirigeants et les dirigés est adjointe, rien de l’extérieur n’aura autant de force pour démolir ce redoutable bouclier qu’un tel travail forge au sein d’une société si organisée. Car dès lors que tous les citoyens ont désormais conscience que la lutte contre ce fléau est une affaire de tous, personne ne va manquer de se montrer suffisamment vigilant et proactif soit en dénonçant des mouvements suspects, soit en déclinant toute complicité avec ces vendeurs d’illusions qui enrôlent les jeunes dans ces types d’aventures funestes et malsaines.
Cette astuce vaut aussi pour beaucoup dans l’organisation de la société, dans sa structuration et dans son assainissement afin de relever le défi de son épanouissement et de son évolution progressive vers les faîtes de son propre développement !
Luc Abaki