Le Coup de Grâce, troisième film long métrage du réalisateur togolais Steven Af, était en salle dimanche 17 juillet à Lomé. Un drame politique sur la course aveugle vers le pouvoir, aux dépens des rapports familiaux, ainsi que des valeurs morales et spirituelles.
Après une première dans la salle du Grand Rex le 28 mai dernier à Lomé (Togo), le nouveau film du réalisateur Steven Af est de nouveau salué par le public, lors de sa projection dimanche 17 juillet au Palais des Congrès, dans la capitale. Une œuvre qui réveille la fierté d’un public peu fortuné, en raison de la rareté des productions de long métrage dans le pays.
Le film semble proposer au cinéphile un choix, « la veuve ou l’orphelin » à l’envers de l’expression biblique très populaire selon laquelle Dieu veille sur « la veuve et l’orphelin ». Si Dieu veille aussi bien sur les bons que sur les méchants selon les Saintes Écritures, cette protection divine éclipse-t-elle la lumière qui doit élucider un meurtre ? Mysticisme et ésotérisme sont fréquents dans la course au pouvoir sous les tropiques.
Produit par les maisons Daayek Production et Sunlight Group, Le Coup de Grâce (drame, 105 mn, Togo, 2022) s’ouvre par un journal télé évoquant une crise politique au Zogbeland, pays fictif, sous le règne de Sylvain Kloutse, président de la République, un rôle incarné par le célèbre acteur burkinabè Serge Henri. C’était en présence de la première dame jouée par la togolaise Marie Dogbe.
Le drame d’une soif de pouvoir
Tournée au Togo, cette œuvre narre l’histoire tragique de Grâce Akouavi, première dame, qui ambitionne de devenir présidente de la République du Zogbeland en lieu et place de son époux dont le pouvoir est en crise, au bord de l’implosion. Une série d’assassinats s’enchaîne à commencer par le président affaibli par l’âge et qui venait d’annoncer sa volonté de démissionner. Le spectateur est alors embarqué dans une succession d’espionnages, de chasses à l’homme et de règlements de compte, etc., un plan orchestré par la veuve aveuglée par sa soif du pouvoir qui ordonne l’assassinat de son fils orphelin.
Le Coup de Grâce est un film d’action qui lève le voile sur les stratégies meurtrières et rocambolesques d’accession au pouvoir dans nombre de pays d’Afrique et d’ailleurs, au prix de contre-valeurs spirituelles telles le sacré respect de la vie, le mensonge, l’impunité. Au-delà de ce drame, le scénario expose en filigrane à travers l’orphelin, la quête de valeurs évangéliques et humaines telles que la loyauté et l’abnégation pour faire émerger la vérité et la justice.
« La veuve ou l’orphelin »
Aux antipodes de l’ambition de cette veuve qui planifie son règne en assassinant son époux, l’orphelin (rôle joué par le Togolais Vivien Tossou) est obnubilé par la soif de vérité et mène son enquête. L’autorité morale et religieuse du prêtre incarné par l’acteur ivoirien Michel Bohiri, dissuadera-t-elle cette mère de sacrifier également son fils ? Voici une autre interrogation qui habite le spectateur accroché par les nombreux suspens soutenus par la musique du film, les effets spéciaux, les scènes spectaculaires de courses-poursuites et de combats.
Film acclamé par le public de Lomé, Le Coup de Grâce se démarque des deux premiers longs métrages de l’auteur, Shérifa (2013) et Solim (2016), par son genre et son scénario. Réalisateur autodidacte mais talentueux, Steven Af est aussi auteur de plusieurs films court métrage et d’un téléfilm long métrage intitulé Point de suture (2008).
Source:africa.la-croix.com