« Le langage politique est conçu pour donner aux mensonges des airs de vérité, rendre le meurtre respectable et faire passer pour solide ce qui n’est que du vent » (George Orwell)
C’était prévisible, connaissant la nature de ce régime comme étant la plus vieille dictature en Afrique, qu’au sommet de l’Etat, on trouvera des arguties pour interdire le rassemblement prévu le samedi 25 juin 2022 à Bè Kodjindji par la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK). Ce à quoi on s’attendait le moins, c’est le cafouillis monstre dont a fait montre le gouvernement à propos de cette manifestation.
Le 17 juin 2022, le ministre de l’Administration territoriale, Payadowa Boukpessi avait donné l’autorisation pour la tenue du meeting, insistant au passage que « l’état d’urgence sanitaire est en vigueur et que les meetings devront se dérouler dans le respect des mesures barrières ». Bien avant, la veille, le 16 juin, le gouvernement, se fondant sur le ralentissement sensible de la contamination de la Covid-19, avait autorisé la reprise publique des rites et fêtes traditionnels dans tout le pays.
Mais à 72 heures du meeting de l’opposition, patatras ! Le ministre de la Sécurité et de la protection civile, Yark Damehame monte au créneau pour interdire la manifestation sous le prétexte fallacieux de menace sécuritaire. Le ministre évoque le « contexte sécuritaire sous-régional et national très préoccupant marqué notamment par une volatilité et une imprévisibilité notoire ». Prétextant des « renseignements de dernière minute », le ministre allègue qu’« organiser une manifestation dans cette situation, est de nature à compromettre les efforts en cours pour préserver l’ordre public et la sécurité nationale ».
Un argumentaire approximatif qui ne convainc personne, encore moins le ministre lui-même. Et l’opinion ne s’y est pas trompée d’ailleurs, en accordant très peu de crédit à une hypothèse tirée par les cheveux.
Comble de désordre, pendant que Payadowa Boukpessi avait invité mercredi à 19h30, les responsables de la DMK à une réunion pour étudier le lendemain jeudi l’encadrement sécuritaire de la manifestation, le même mercredi à 20 heures, Yark Damehame chez qui doit avoir lieu la réunion d’étude du plan d’encadrement, annonce à la surprise générale que le meeting est interdit. Sacré Yark !
Ce qui est dommage pour ce régime, c’est que le ministre de la Sécurité se comporte comme s’il est au-dessus de la loi. Il ne se fonde sur aucun texte pour interdire une manifestation dont son collègue de l’Administration territoriale a pris acte conformément à la loi. C’est typique d’un régime autocratique.
Gustave le Bon l’a bien dit, «un dictateur n’est qu’une fiction. Son pouvoir se dissémine en réalité entre de nombreux sous-dictateurs anonymes et irresponsables dont la tyrannie et la corruption deviennent bientôt insupportables ».
Certains ministres de Faure Gnassingbé, parce que disposant d’une parcelle de pouvoir, se comportent en de petits Mussolini en piétinant les lois de la République. Bienvenue dans la république bananière !
Médard AMETEPE
Source : Liberté / libertetogo.info