« J’ai perdu des êtres qui étaient pour moi, sources de soleil. Ce soleil a été mis en terre. Apparemment mis en terre. Moi je continue à en recevoir des rayons » (Christian Bobin)
Nous ne nous sommes pas encore remis de l’accident tragique de Bako près de Wahala dans lequel nos braves mamans et sœurs qui se rendaient au marché, à la recherche de subsistance quotidienne de leurs familles, ont péri, que d’autres tragédies viennent frapper à nouveau notre pays. Le 28 juin 2022, le minibus à bord duquel se trouvaient nos mères, femmes, sœurs et enfants, a heurté un arbre suite à l’éclatement de l’un de ses pneus, au petit matin dans le village de Bako. Treize (13) d’entre elles ne reviendront plus. A cette douloureuse peine que nous éprouvions, viennent s’ajouter d’autres encore plus grandes.
Dans la nuit du 10 juillet 2022, des enfants qui revenaient d’une soirée festive dans le cadre de la célébration de la Tabaski, ont été malheureusement pris pour cibles par l’armée qui les a « confondus à une colonne de djihadistes en mouvement ». La vie de sept (07) d’entre eux a été fauchée, deux autres grièvement blessés à Margba dans la préfecture de Tône.
Alors que nous continuons de pleurer ces innocentes âmes, 5 jours plus tard, le 15 juillet, des groupés armés non identifiés ont mené plusieurs attaques à l’arme blanche dans plusieurs villages dans la préfecture de Kpendal, toujours au nord du pays. Le bilan est extrêmement lourd. Plusieurs personnes, au moins une vingtaine, ont été tuées, égorgées. Ce qui témoigne de l’extrême barbarie dont ont fait preuve ceux qui ont perpétré l’attaque. C’était effroyable. Selon un habitant de Blamonga, cité par RFI, des hommes armés sont rentrés dans le village, où ils ont ciblé certaines maisons puis ont kidnappé des jeunes hommes pour les égorger non loin de là. «C’est une attaque ciblée contre certaines personnes, et les armes pour assouvir ce dessein funeste sont des armes blanches. S’agit-il d’un message ? », s’est-il interrogé.
C’est la quatrième attaque perpétrée depuis novembre 2021 dans le nord du pays, à la frontière avec le Burkina Faso, d’où plusieurs groupes djihadistes mènent des incursions.
Même si l’armée a appelé les populations à ne pas céder à la panique, la sauvagerie de ces attaques est telle qu’une psychose règne dans la préfecture de Kpendjal depuis la dernière incursion des groupes armés au point que des villages se videraient de leurs habitants. La plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest sont touchés de plein fouet par le terrorisme. Un récent rapport de la Fondation Konrad Adenauer insistait sur le fait qu’au-delà du Sahel, ce sont aussi les pays côtiers qui sont touchés par l’insécurité, et que le Togo et le Ghana sont les nouveaux refuges des djihadistes au Sahel. « Le nord de ces deux pays est devenu un refuge facile pour les groupes armés. Mal contrôlé par l’Etat, il a longtemps servi de transit pour les trafiquants de drogue. C’est aussi une zone de conflits communautaires », précisait le document.
Pour combattre le mal, le Bénin a décidé de profiter de l’expérience du Niger en matière de terrorisme. Les deux pays ont renforcé le 11 juillet leur coopération militaire. Un accord qui, selon le ministre béninois de la Défense, « entre dans l’ère d’une coopération beaucoup plus étroite dans le domaine de la défense et de la sécurité entre la République du Niger et celle du Bénin ».
Fort de cet engagement, des voix s’élèvent pour suggérer aux autorités togolaises à composer stratégiquement, politiquement et sur le plan sécuritaire avec le Burkina Faso, car seul, le Togo ne réussira pas à venir à bout du terrorisme. D’autres appellent à une grande coalition militaire de tous les pays de la CEDEAO pour combattre les djihadistes.
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