Depuis la fin du premier trimestre de l’année 2022, l’on assiste à une série de mesures impopulaires, parfois même à la limite du supportable, prises par le gouvernement togolais, des mesures qui rappelons-le rendent plus intenable le quotidien du togolais qui subit le contrecoup des effets de la maladie à coronavirus et de la vie chère depuis le début de l’année 2021.
En effet, la situation économique du togolais était déjà rendue exécrable avec les mesures restrictives de circulation des personnes et des biens suite à la fermeture des frontières, une inflation qui a atteint le niveau historique le plus élevé de 8% à la fin de l’année 2021. Malheureusement, l’on assiste à une forme d’abandon de certaines missions régaliennes de l’Etat en ce qui concerne les services publics. Cette mission est censée soulager un tant soit peu les difficultés par rapport à certaines demandes sociétales, ce qui dénote une incapacité du gouvernement à trouver des solutions aux besoins de la population. L’on peut noter à cet effet, une augmentation tous azimuts des prix des produits de première nécessité. Depuis la fin du premier trimestre de l’année 2022, sans se soucier des difficultés quotidiennes de la population togolaise dont pas moins de 53% vit en dessous du seuil de pauvreté, le gouvernement par son laxisme, a adopté la posture du « laisser faire et laisser passer » avec une bienveillance à l’égard d’une classe oligarchique avec devise : « enrichissez-vous vous-mêmes », sans aucun respect de la procédure de contrôle républicain comme on peut le constater à travers le tableau récapitulatif de l’évolution des prix de certains produits ci-dessous.
Observations :
L’analyse de l’évolution des prix de certains produits de première nécessité selon le tableau ci-dessous permet de constater que du 29 mars au 13 Mai 2022, les prix des produits pétroliers ont connu une double augmentation passant de 505 F à 625 Fpour atteindre 700 F le 18 juin dernier, date de la dernière augmentation, soit une triple augmentation en un seul trimestre. Ce qui nous permet de mettre en doute les allégations selon lesquelles, « les commandes des produits pétroliers se font par trimestre », conformément à une convention entre les marqueteurs et le gouvernement togolais. De même, la procédure adoptée pour augmenter le prix du gaz butane la semaine dernière à un taux de 74% à travers les réseaux sociaux et sous prétexte que l’Etat a suspendu sa subvention pour amortir le coût de consommation sans aucune explication, en violation du principe de réaffectation des ressources budgétaires prévues par la loi organique portant loi de finances, est trop fallacieux et suscite deux constats.
Premièrement, l’on se rend à l’évidence eu égard à la manière dont les augmentations se font à travers les réseaux sociaux (les dernières augmentation des produits pétroliers et du gaz) sur le marché sans aucun respect de la procédure légale, qui échappe au contrôle régalien des puissances publiques font penser à une libéralisation totale de l’économie avec un désengagement presque total de l’Etat.
Ensuite, ce n’est plus un secret pour personne, les denrées alimentaires sont censées être des produits locaux tels que le maïs, l’huile, l’arachide et le riz, sont désormais hors de portée. Ce qui montre à suffisance les échecs de toutes les politiques publiques adoptées et financées à coût de milliards depuis 2008. Il faut rappeler tout de même que, tous les ministres de l’agriculture qui se sont succédé, depuis EWOVOR à BATAKA en passant par AGADAZI, personne n’a été en mesure de présenter le bilan de tous les projets agricoles à savoir : PNUASA, PADAT,PDRI-MÔ, MIFA pour ne citer que ceux-là, et n’ont jamais réussi à créer une classe moyenne, ce qu’on appelle dans un autre domaine le processus de « gentrification » pour le développement de l’agro-industrie.
Il faut noter que depuis le 27 Avril 2022 et d’une manière récurrente, pratiquement à la fin de chaque mois, le Togo procède à une mobilisation des ressources financières sur le marché financier de l’espace UEMOA, sous la forme d’Obligation Assimilable de Trésor (OAT) de 30 milliards en moyenne pour une durée de 15 ans pour un taux de 6,15 %. Cela fait partie des ODR (Obligations de Relance) initiées par la BCEAO pour permettre aux Etats membres de financer leur économie dans le cadre de la résilience de lutte contre le Covid 19 selon le dernier rapport de la BAD.
Compte tenu de ce qui précède, nous pouvons affirmer sans nous tromper que les caisses de l’Etat depuis un certain temps ne peuvent plus supporter un certain nombre d’engagements pour soutenir encore plus longtemps le pouvoir d’achat des populations, contrairement à ce qui se passe dans les autres pays autour de nous comme au Sénégal, au Bénin et en Côte d’Ivoire où tout récemment les Chefs d’Etat de ces pays ont procédé à des augmentations de salaire et d’autres subventions pouvant permettre d’améliorer le bien-être de la population.
On se souvient au début du deuxième trimestre de l’année, alors que le prix du sac de l’engrais de 50kg au Mali est passé de 12000 f à 10 000f en pleine embargo économique de la CEDEAO, alors que le prix au Togo est passé de 12 000f à 18 000F sans que personne ne puisse crier gare. Ce qui pose le vrai problème de la responsabilité gouvernementale c’est-à-dire la bonne gouvernance.
Il faut aussi rappeler que le service de la dette publique du Togo à atteint des proportions insoutenables par rapport à la capacité du budget de l’Etat avec un ratio service de la dette /recettes internes supérieur à 40% alors que la norme est de 15%. Ceci du fait que la dette publique du Togo est passée , à la suite de l’initiative PPTE, de 7667 milliards à la fin de l’année2010 à 2768 milliards à là fin de l’année 2021 soit en moyenne une augmentation de 200 milliards par an, selon le rapport de la BAD rapporté par L’ONG Veille Economique. D’où l’effet boule de neige qui finit par rattraper la mégalomanie et le snobisme hors-pair de certains dirigeants. A cette allure, l’on ne sera pas surpris d’apprendre un jour que le gouvernement est revenu sur sa décision de la gratuité de l’écolage et les frais d’inscription aux examens pour les élèves des enseignants primaire et secondaire de même la gratuité de la césarienne.
Comme on le voit, l’avenir socio-économique du Togo devient de plus en plus inquiétant en dépit de toutes les propagandes politiques, les chiffres flateus et les faux-fuyants destinés à berner le peuple dont les priorités sont léguées au second plan face à la question de « l’extrémisme violent et le terrorisme » qui sévi dans la partie septentrionale du pays.
Pour finir, face à la gravité de la situation de la vie chère au Togo le gouvernement doit prendre des mesures en premier pour réduire d’une manière significative le train de vie de l’État ,en suite accentuer la lutte contre la corruption, la gabegie et les détournements de fonds dans la gestion des projets et services publics c’est-à-dire l’assainissement des finances publiques et proposer un moratoire pour une suspension de remboursement de la dette publique.
K.A.
Source : Le Correcteur / lecorrecteur.info