Samedi dernier, nombre d’acteurs de la société civile africaine se sont réunis à Dakar. Une rencontre qui intervient dans le cadre d’un concert panafricain pour la limitation des mandats en Afrique de l’ouest. Une déclaration a été rendue publique à cet effet lors d’une conférence de presse.
CONFERENCE DE PRESSE POUR UNE AFRIQUE NOUVELLE
DECLARATION DE DAKAR
Demain, samedi 17 septembre, le troisième acte de la campagne pour la limitation des mandats sera inauguré lors d’un Grand Concert Panafricain pour la Limitation des Mandats. Ce concert réunit 11 artistes de 7 pays africains, qui vont présenter une nouvelle chanson célébrant la démocratie et la bonne gouvernance : MEIWAY de la Côte d’Ivoire, DIDIER AWADI du Sénégal, ELOM 20CE du Togo, NOURRATH LA DEBBOSLAM du Niger, NANDA du Gabon, AMEN JAH CISSÉ du Togo, LÉMAN du Bénin, DON STASH du Togo, LYNE DES MOTS de la Côte d’Ivoire, PAPY KERRO de la RDC et MOMO KANKUA du Togo.
Quand l’Afrique se redresse pour dire qu’il est temps et qu’un nouveau jour est arrivé, alors ses fils et ses filles de toutes les contrées peuvent, main dans la main, effacer les mauvais clichés véhiculés sur le continent et qui font dire que l’Afrique est mal partie.
Quand l’Afrique prend conscience d’elle-même en se rappelant qu’elle a une histoire et que cette histoire est remplie de grandes figures, alors tous ses fils et toutes ses filles peuvent crier de toute leur force AFRICA et affirmer que « d’ici ou d’ailleurs nous sommes tous des enfants d’Afrique ».
Quand l’Afrique puisera suffisamment dans ses richesses culturelles en se rappelant de la figure de ses grands griots qui, selon la tradition, annonçaient de grands évènements alors, ses artistes, venu.e.s de différents pays et se trouvant sur la terre de La Téranga, en terre sénégalaise au 16è jour du mois de septembre 2022, peuvent proclamer qu’une ère nouvelle commence pour notre continent.
Oui, c’est cette ère nouvelle, portée par la jeunesse africaine, que veut annoncer le concert organisé par différentes organisations de la société civile africaine. Beaucoup de colloques ont été organisés ici et là sur la consolidation de la démocratie en Afrique, mais cette fois ci, il s’agit de toucher la tête, le cœur, les sentiments, bref de faire vibrer toutes les dimensions de l’être humain et comme le dit un artiste panafricain, de « cogner l’invisible » et donc pas seulement le visible, afin de susciter le déclic qu’une Nouvelle Afrique est possible et que cela dépend de nous et de chacun de nous.
Voilà la raison de ce concert pour lequel des artistes se sont mobilisé.e.s. Et si cette Afrique dépend de chacun et de chacune de nous, elle a comme base la reconnaissance des talents des fils et filles du continent. Et cette reconnaissance doit conduire à la recherche d’un mieux vivre ensemble dans l’harmonie des différences. Il ne s’agit donc pas d’organiser un concert contre quelqu’un ou contre quelques-uns mais de mobiliser tout un chacun pour construire notre continent qui a besoin d’une meilleure organisation en ce moment de grandes mutations politiques, sociales, économiques, scientifiques, culturelles etc. Notre continent a donc de grands défis à relever et cela commence par une meilleure organisation politique qui doit permettre l’épanouissement de chacun et de chacune d’entre nous.
Le régime démocratique, sans être parfait, prend cette dimension en compte car il est le système qui promeut les libertés individuelles tout en construisant le bien commun comme une réalité indispensable. Il permet aussi la conception du pouvoir, non comme une domination, mais comme la capacité d’agir avec les autres dans une incessante concertation et de ce fait, il présuppose l’alternance et la limitation de mandats pour puiser dans le vivre ensemble la force de toujours innover pour le bien de tous. C’est pourquoi l’alternance et la limitation de mandats sont intrinsèques au régime démocratique.
En donnant à l’événement qui nous rassemble ici à Dakar, le nom de Grand Concert Panafricain pour la Limitation des Mandats, il s’agit pour nous de mettre en exergue la force d’innovation que comporte toute vraie alternance politique et dans ce sens la limitation des mandats n’est dirigée contre personne mais elle est une force collective pour construire une Afrique nouvelle.
Choisir Dakar pour cet évènement est symbolique à plusieurs titres : la présidence de l’Union Africaine est actuellement assurée par le Président Macky SALL du Sénégal. Ainsi dans l’imaginaire collectif, organiser ce Grand Concert Panafricain au Sénégal est tout naturel et permet de lancer ce cri d’espoir pour tous les Africains et Africaines.
Les artistes venus du Bénin, de la Côte d’ivoire, du Gabon, du Niger, de la RDC, du Sénégal, du Togo, les différentes organisations de la société civile et tous les organisateurs sont conscients qu’il s’agit d’un moment historique, même si les autorités, peut-être pour une mauvaise compréhension de notre démarche, n’ont pas encore jusqu’à ce jour donné l’autorisation. Mais le fait de ne pas prononcer l’interdiction de l’évènement entretient en nous un immense espoir. Voilà pourquoi nous lançons un appel aux autorités sénégalaises pour qu’elles nous accompagnent dans cet évènement historique de fraternité ouverte entre tous les peuples africains. Nous espérons ainsi que l’image du Sénégal, pays de tradition et de référence démocratique, ne sera pas ternie par le refus de cette expression artistique annonçant une ère nouvelle pour tout un continent.
C’est dans cet esprit que nous lançons un appel pour la libération de nos camarades du FNDC et de tous les prisonniers politiques, détenus arbitrairement sur le continent.
Quand l’Afrique se réveillera et elle est en marche, ce sera par la force de sa jeunesse, symbole de vitalité et de créativité. Et c’est ce que nous voulons dévoiler par ce concert panafricain auquel nous invitons tous les citoyens et citoyennes sénégalais et ceux des autres pays qui le découvriront.
Tout en réitérant notre confiance aux autorités sénégalaises et tout en remerciant les artistes qui sont engagés dans cette œuvre historique, nous demandons au public de Dakar de nous soutenir dans cette œuvre commune.