ONU–Discours de Macky Sall : entre réminiscence, démagogie et illusion

En sa qualité de Président en exercice de l’Union Africaine (UA), le Chef de l’Etat Sénégalais est monté à la tribune des Nations-Unies ce 20 Septembre 2022 juste après le passage du brésilien Jair Bolsonaro qui ouvre les travaux traditionnellement. Dans son discours, Macky Sall a produit un plaidoyer empreint de « bonnes et vaines » paroles, une allocution aux allures de litanie déjà écoutées.

L’histoire des nations montre aujourd’hui que l’Afrique n’est pas la seule zone géographique à avoir subi des oppressions financières, culturelles et politiques. Cependant il est abondant de remarquer que les dirigeants africains n’hésitent pas à justifier le retard du continent par le « poids de l’histoire » qu’il a dû subir.

A la tribune des Nations- Unies lors de la 77ème Assemblée Générale de l’organisation, le Président en exercice de l’UA n’a pas manqué de relever une fois encore ce fait en déclarant : « L’Afrique a assez subi le fardeau de l’histoire » pour ne plus être le foyer d’une « nouvelle guerre froide ».

Ailleurs, des peuples comme les Allemands, les Japonais ont su rebondir des « évènements malheureux » de leur histoire pour mettre en place des systèmes de développements rayonnants et efficaces. Pourquoi l’Afrique ne pourrait-elle pas en faire autant ? Cette réminiscence qui s’apparente à un refus de lâcher prise avec le passé ne devrait plus être évoquée, ou s’il le faut, ce devrait être pour imposer sa culture.

Le Président Macky Sall a également dressé une liste de demandes comme l’intégration du continent dans les discussions du G20, la reconsidération de la place du continent au sein du Conseil de sécurité, la revalorisation des subventions relatives aux changements climatiques. Il a appelé notamment à « une gouvernance mondiale plus juste, plus inclusive et plus adaptée aux réalités de notre temps ».

Seulement, le Président en exercice de l’UA semble véritablement ignoré que les Etats faisant partie du G20 ou autres structures spécifiques des Nations-Unies n’y sont pas par pure demande ou complaisance des autres membres. Il s’agit de postes obtenus par un combat idéologique, économique et géopolitique. Il s’agit d’une stratégie et volonté qui manquent aux Etats africains dont les dirigeants sont plus occupés à s’éterniser au pouvoir qu’à faire développer leurs Etats.

Par-ailleurs, le Chef d’Etat sénégalais a indiqué que l’Afrique n’est pas seulement un « continent à problèmes », mais également une boite à solutions de par une jeunesse entreprenante et gagnante. Une déclaration en contradiction avec les réalités du continent où certains Etats ont encore à leur tête des « personnes vieilles physiquement et idéologiquement ». Cette jeunesse entreprenante et gagnante est empêchée d’avoir son regard et son appréciation de la gestion de la cité. Doit-on encore rappeler aux chefs d’Etats africains qu’avant de chercher à convaincre « l’étranger blanc », il faut faire adhérer ses « concitoyens noirs » aux discours prononcés ?

Le temps des « bons discours » est déjà révolu. Dans le concert des nations, il faut s’imposer par le travail et la justice, moteur de tout développement économique.

Barth K.

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