Les interventions des Chefs d’Etats africains à la tribune de la 77ème Session ordinaire de l’ONU tournent autour d’un même point : le changement climatique et ses effets. Plus spécifiquement, il s’agit pour ceux-ci de réclamer plus d’aide financière pour le continent. Cependant, on se demande si le sujet du climat est une véritable préoccupation des dirigeants africains ou s’agirait-il d’une panacée pour faire oublier les déficits démocratiques et les gestions opaques de la « chose publique ».
Les changements climatiques constituent, à n’en point douter, un véritable défi pour toute la planète. Comme le précisait l’émissaire des Etats-Unis pour le climat, John Kerry, il y a quelques jours, « Mère Nature ne mesure pas d’où viennent les émissions. Elles ne portent pas l’étiquette d’un pays ou d’un autre. Elles proviennent de tous les choix que nous faisons sur la façon dont nous déplaçons nos véhicules, dont nous chauffons nos maisons, dont nous éclairons nos entreprises ». Il s’agit donc d’une problématique mondiale qui interpelle tous les pays. Cependant, l’ardeur affichée par les dirigeants africains sur le sujet ces derniers jours appelle à une réflexion sur leur véritable motivation.
L’Afrique n’est certes pas épargnée par les effets pervers des changements climatiques comme les vagues d’inondation et de sécheresse. Le raisonnement sous-tendant les appels aux aides financières des Chefs d’Etats africains est que l’Afrique est le continent le moins pollueur, mais elle est frappée par le dérèglement climatique. Par-conséquent, les Etats pollueurs, notamment les grandes puissances occidentales, devraient « indemniser » l’Afrique.
Il s’agit d’une « affaire de sous » face à laquelle les pays développés font la sourde oreille. Si cette attitude des « Etats gros pollueurs » est regrettable, elle peut néanmoins être analysée comme une méfiance de leur part de voir les fonds alloués pour motif climatique, être détournés pour autre chose.
D’ailleurs, ce zèle « nouveau » des dirigeants africains pour les questions climatiques n’est-elle pas un subterfuge pour faire passer à l’oubliette leur refus de transparence dans la gestion des richesses publiques ?
En réalité, les « pays donateurs » n’ignorent pas les nombreux détournements de fonds faits par les Chefs d’Etats africains ou leurs collaborateurs avec leur complicité. La confusion du trésor public aux patrimoines des « commis de l’Etat » est encore abondante sur le continent. Il est donc primordial pour les Chefs d’Etats africains de donner des garanties de bonne gouvernance économique et politique aux partenaires avant de réclamer une hypothétique indemnisation liée au climat.
S’il s’agit d’un subterfuge, il est peu probable que cela soit efficace car les partenaires exigeront des garanties de transparence dans l’usage des fonds. Toujours est-il qu’il faut que ces autorités africaines prennent conscience qu’elles doivent désormais établir des rapports de force avec les pays occidentaux pour se faire entendre.
Barth K.
C’est un grand facteur à prendre en compte !