J’attendais la sortie de ce film avec une certaine impatience. J’avais déjà vu black panther, qui ne m’avait procuré aucune fierté particulière. Le Wakanda est un pays imaginaire, qui n’existe nulle part. Women king retrace quant à lui l’histoire vraie des amazones, et elles ont existé dans le royaume de Dahomey.
Ce film pour moi revêtait deux intérêts. Le premier est qu’il célébrait des africain (e) s qui ont vraiment résisté à la colonisation. À cette heure où beaucoup de jeunes revendiquent une africanité transcendante, ce film arrive au bon moment, pour réveiller l’esprit de résistance, même s’il est produit par des américains. Le second intérêt est qu’il rappelle la combativité des amazones, les ogountchés, à une époque où les femmes revendiquent plus de droits et plus d’équité.
Je me disais donc que ce vendredi 30 septembre, la première diffusion de ce film au cinéma fera salle comble.
Je suis allé à la salle de canal+ olympia de Cacaveli, et il y avait moins de 10 personnes. Il s’agit pourtant de notre histoire et de notre identité. Moins de 10 personnes pour célébrer notre identité, des milliers pour le concert de Dadju à 50 000 f.
Bref, le film est une réussite. Viola Devis incarne le rôle de Nanishka, une amazone farouche et déterminée. Les autres actrices, toutes noires et athlétiques, sont superbes et talentueuses. J’ai passé une bonne soirée.
Notre vrai problème au Togo (peut être en Afrique) c’est l’absence d’un travail de mémoire. Nous n’avons pas une seule journée dédiée à la traite des esclaves. Les vestiges de ce commerce infâme sont délaissés dans notre pays. La maison des esclaves est à l’abandon, nous ne préparons pas nos descendants à éviter dans le futur ces erreurs de l’histoire. C’est même nos bourreaux (les occidentaux) d’hier qui créent des célébrations pour se souvenir du mal absolu qu’était l’esclavage ?
Cette vacuité mémorielle conduit à une autre faiblesse: l’absence de patriotisme. Sur le fond, rien dans nos habitudes de consommation ne priorise nos productions. Les produits alimentaires locaux sont dedaignés par les classes sociales aisées au détriment des produits importés, car supposés plus valorisant socialement. On préférera un jus de fruit espagnol au détriment d’un jus local, au prétexte que ça présente mieux. Aujourd’hui, le pagne traditionnel est de bonne qualité, mais on le préférera un costume italien hors de prix pour les hommes ou un pagne wax hollandais de qualité supérieur pour les femmes, pour être bien vu dans la société. En réalité, je me rends compte avec beaucoup de retard que s’engager pour la promotion des produits locaux reste un pure idéalisme. Et je suis l’idéaliste de l’histoire.
Bref, j’ai adoré le film. Même si la salle était vide. j’ai fermé il y a plus d’une année la maison dès paysans parce que les Loméens dédaignaient les produits alimentaires transformés locaux, préférant les produits équivalents importés. Les comptes de ha’aga ne sont pas fameux non plus. Depuis sa création, nos meilleurs clients sont des diplomates et des clients dans les autres pays. L’idée était pourtant de célébrer le pagne tissé local. Mais ça ne parle à personne. Et plusieurs projets de ce genre pereclitent dans notre pays. Je ne connais aucun producteur local qui fait fortune. Hélas.
Bref, le film était bien.
Allons au cinéma vivants.
Gerry Taama