A voir cette semaine : le plasticien togolais compose une exposition qui, sous des atours séduisants, prend le goût des mauvais rêves.
Les murs sont revêtus de cartons qui ont été déchirés et brûlés, puis blanchis. Au plafond, sont suspendues par des cordes marines de grandes formes creuses et irrégulières en céramique, qui font d’autant plus penser à des dépouilles animales qu’elles sont d’un rouge sombre à l’intérieur. Sur le sol, un tas de charbon luit étrangement, et un buisson de cônes de terre cuite dressés ne peut que suggérer des allusions sexuelles. Posées à différentes hauteurs, des têtes de terre noire aggravent le trouble car, là où devrait se trouver le visage, il n’y a qu’un orifice largement ouvert sur le vide. Des sculptures de verre aux lignes courbes seraient moins inquiétantes si elles ne contenaient les graines écarlates de l’abrus precatorius, d’une toxicité mortelle, dont on se sert néanmoins comme de perles pour colliers. Ainsi, d’une référence à une autre, d’un symbole à un autre, Kokou Ferdinand Makouvia, qui est né à Lomé (Togo) en 1989, compose-t-il une exposition qui, séduisante au premier regard, se révèle semée de menaces et de mauvais rêves. L’art avec lequel il joue des matériaux, des textures et des couleurs opère à la manière des sirènes : celles-ci charmaient les marins par leurs chants, mais c’était pour les dévorer.
La suite à retrouver sur https://www.lemonde.fr/culture