L’exubérance semble devenir l’un des caractères typiques d’une partie de la jeunesse ivoirienne qui n’hésitent pas afficher un train de vie digne de stars hollywoodiennes. A Abidjan spécifiquement, les réseaux sociaux et certaines chaînes de télévision diffusent des émissions dans lesquelles de jeunes ivoiriens et ivoiriennes étalent leur richesse comme signe de réussite sociale.
Ils sont pour la plupart des jeunes hommes et dames aux activités diverses : artistes de la chanson, managers d’artistes, propriétaires de bars et boîtes de nuit, agent immobilier, acteurs et actrices de cinéma, pasteurs etc…Ils se déclarent habituellement être des hommes et femmes d’affaires.
Ce phénomène qu’on est tenté de qualifier d’exhibitionnisme a commencé dans les années 2000 avec le mouvement « coupé décalé » où la bande à Doug Saga et Molare (la Jet set) n’hésitait pas à distribuer des centaines de billets de banque lors des spectacles. A l’époque, ce boys-band apparaissait comme une petite minorité au milieu du monde des artistes ivoiriens.
Cependant cette attitude de « flambeurs » de billets de banque a survécu au décès de Doucouré Saga. Elle a même pris de l’ampleur. Et il est courant aujourd’hui de voir les acteurs du showbiz ivoirien déverser plusieurs dizaines de billets de banque sur un artiste pendant un concert. L’opulence dont font preuve ces jeunes ivoiriens peut soulever non seulement des questions sur l’origine de leur richesse mais surtout son impact sur le développement global de ce pays.
Sur l’origine, ces jeunes ivoiriens mettent tous pratiquement en avant des activités légales ou du moins non prohibées comme l’exploitation de lieux de loisirs, la monétisation de leurs comptes de réseaux sociaux ou encore du marketing sur leur propre notoriété. Il est donc difficile sans enquête et analyse approfondies d’étayer les thèses suspicieuses de blanchiment de capitaux, de trafics illicites évoquées par certains observateurs. Quant à l’impact des richesses exhibées sur le tissu social dans son ensemble, cela reste mitigé. En effet, avec de nouveaux millionnaires, il y a un effet de croissance du pouvoir d’achat. De même l’aspect de la ville d’Abidjan bénéficie de ce « boom » de millionnaires notamment en matière immobilière car le luxe se déteint sur les habitations. Toutefois, il faut préciser cette augmentation de « riches millionnaires » ne permet pas encore à la Côte d’ivoire de faire partie des Etats riches et développés.