Ce que les autorités nomment « les grandes assises du secteur agricole national », a commencé à Dapaong, chef-lieu des Savanes où Faure Gnassingbé s’est dit « confiant que la production agricole dans notre pays puisse véritablement répondre à notre double ambition d’autosuffisance alimentaire d’une part, et de création de richesse pour nos valeureux agriculteurs d’autre part », après avoir estimé que « le développement du Togo passe par le développement de l’agriculture ».
Il sillonne toutes les régions du territoire national. Faure Gnassingbé, pour ne pas le désigner, s’active auprès des producteurs agricoles du Togo, dont le Forum dit des producteurs agricoles du Togo (FOPAT) a cours.
Pour le fils de Gnassingbé Eyadema, ces assises doivent « contribuer à la création de la richesse dans notre pays et que le producteur agricole soit une fierté nationale en faisant de lui, un véritable entrepreneur agricole ». De la remise du matériel et des équipements aux producteurs des sept préfectures de la région à la mise en œuvre du Programme d’urgence de renforcement de la résilience dans la région (PURS), Faure Gnassingbé a su jouer la carte de l’agriculteur, et pas qu’à Dapaong. Qu’il s’agisse de Tsévié, où il s’était rendu le 28 janvier à l’apothéose du Forum des producteurs agricoles togolais de la région Maritime, des Plateaux où les travaux dudit forum ont été bouclés le 11 février avec à chaque fois la présence d’un Faure qui croit en la modernisation du « travail agricole », le président togolais ratisse large.
Après la région Centrale, Sokodé accueillera à son tour le FOPAT du 23 au 25 février. Si bien qu’on n’entend que parler de cet événement. FOPAT n’est certes pas sur toutes les lèvres, mais la présence de Faure y a imprimé comme un cachet de solennité à toute la moins particulière. Au point qu’on en oublie qu’il y a un ministère de l’Agriculture, de l’élevage et du développement rural.
Se piquer subitement d’agriculture pour quelqu’un qui a passé dix-huit années à la tête d’un pays dont la population est toujours sous le seuil de la pauvreté, voilà qui peut tout de même paraître surprenant. Quelle mouche l’a piqué, a-t-on envie de se demander. Il ne faut pas creuser longtemps. L’intéressé s’est toujours réservé le droit de se réinventer envers et contre tous, et encore au mépris des règles de la démocratie qui veulent que tout chef d’État, quel qu’il soit, soit quitte vis-à-vis du peuple qui lui a confié ses pouvoirs. Au pays des Gnassingbé, on s’impose d’abord au peuple, ensuite, on joue à fond la carte de la propagande avec en toile de fond le culte de la personnalité, et à l’approche des échéances, on sort droit de son imagination des ‘’plans’’ ou ‘’feuilles’’ qui brillent plus par leur manque de convictions que par l’idée de leur faisabilité.
FOPAT n’est de fait que le faux nez du plan national de développement et autres projets avortés à l’instar du Programme d’Urgences de Développement Communautaires (PUD), de la Stratégie de Croissance Accélérée et de Promotion de l’Emploi (SCAPE, à ceci près qu’en l’occurrence, c’est le président lui-même qui se donne le beau rôle. Il y va de son intérêt. Présidentielles obligent.
Derrière la présence accrue de Faure à cet événement se cache mal des visées électoralistes. Il y aura d’autres FOPAT qui viendront baliser les chemins pour 2025.
Sodoli Koudoagbo
Source: Le Correcteur / lecorrecteur.info