C’est par un décret pris par Faure Gnassingbé le 24 Covidbusiness mise à nu janvier dernier, et sur rapport du ministre des Droits de l’homme, Christian Trimua, que les Togolais ont appris que Wiyao, Essohana n’est plus aux commandes de la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA).
En lieu et place, un nouveau visage, en la personne de Aba Kimelabalou, juge de son état. Il faut dire que le background de ce dernier plaide et pour lui et la nouvelle casquette qu’il a d’ores et déjà enfourchée, lui qui a fait ses preuves à la Cour africaine des droits de l’homme, cet autre principal organe de lutte contre le blanchiment de capitaux, la cybercriminalité, le financement du terrorisme, les criminalités transfrontalières, dans l’espace CEDEAO, qu’il présidait depuis février 2018, laissant ainsi le plancher à Edwin Harris le 1er août 2022. Voilà ce qui s’appelle être blanchi sous le harnois. Nous nous garderons d’épiloguer sur le bilan d’Aba Kimelabalou quand il avait les clés de la Cour africaine des droits de l’homme, mais quand on est passé dans une juridiction internationale régionale spécialisée en droits de l’homme et établie par les membres de l’Union africaine (UA), on ne peut qu’admettre qu’il a la gueule de son nouvel emploi, et nul doute que les attentes sont d’autant plus grandes.
Mais jusqu’où va-t-il aller ? Saura-t-il se démarquer de Wiyao Essohana qui a commis durant son bail plus de faux pas qu’une mer ne saurait contenir de poissons ? Tient-on enfin celui qui va nettoyer l’écurie d’Augias ? Ou aurons-nous droit à un Wiyao Essohana bis ? Qu’est-ce qu’on n’a pas dit des qualités du désormais ex-président de la HAPLUCIA ? On avait vendu à l’opinion que le fait que Wiyao soit nanti d’une maîtrise en droit des affaires de l’Université de Lomé et d’un diplôme de magistrature obtenu à l’École nationale d’administration de Lomé, il était à même de tenir la dragée aux fieffés prévaricateurs ; que le seul fait qu’il soit connu du monde des magistrats depuis le 17 janvier 1995, qu’il ait été successivement président des tribunaux de première instance de Sokodé et de Mango, juge puis doyen des juges d’instruction au tribunal de première instance de Lomé, ferait de lui la bête du Gévaudan qui devrait mettre en déroute tous les convaincus de corruption et autres Mozart de la prévarication. Force est de constater que celui qui était depuis 2009 substitut général au Parquet général près la Cour d’appel de Lomé ne s’est que piteusement signalé aux yeux de tous, allant jusqu’à prêter le flanc aux dérisions les plus désobligeantes.
En rendant son tablier, notre tigre de papier a laissé intacte la « volonté politique du gouvernement de combattre ce fléau » qui, dit-on, s’est matérialisée par l’adoption de la loi n°2015-006 du 28 juillet 2015 portant création de la Haute Autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA). Loin de nous l’idée de charger la barque sur le cas Wiyao Essohana, mais on ne peut résister à l’envie de dire qu’il est la preuve que l’habit ne fait pas le magistrat, pas plus qu’il ne fait le défenseur des causes justes. Sous ce rapport, Aba Kimelabalou n’a pas à se montrer à son avantage, car il n’impressionnera pas, à moins d’avoir prouvé durant son magistère qu’il n’est pas magistrat à avoir froid aux yeux, qu’il saura faire face quoi qu’il arrive, qu’il mettra les points sur les i, les barres sur les T. Appeler un chat un pangolin comme l’a fait son prédécesseur ne fera que pâlir son image. A lui de prouver aux Togolais qu’il en a dans le ventre.
Source: Le Correcteur