Si Human Rights Watch adresse un certain nombre de recommandations au gouvernement du Togo concernant les traitements des personnes handicapées mentales, c’est parce que ces horribles pratiques sont malheureusement bien réelles dans le pays.
Ce n’est peut-être pas une nouvelle pour ceux qui ont déjà visité un camp de guérison traditionnel ou religieux pour personnes handicapées mentales au Togo. La douleur qu’on ressent en voyant les proches enchaînés devient impétueuse puisqu’on a aucun pouvoir pour les sauver de la maladie et par ricochet des chaînes.
Généralement, la pratique inhumaine de l’enchaînement existe en raison de l’insuffisance des services de soutien et de santé mentale ainsi que des croyances répandues qui stigmatisent les personnes souffrant de handicaps psychosociaux.
L’enchaînement se produit souvent dans les maisons, parce qu’il n’y a pas de services disponibles dans la communauté et les familles qui ont du mal à faire face aux exigences de prendre soin d’un parent ayant un handicap psychosocial, peuvent avoir le sentiment qu’elles n’ont d’autre choix que de les enchaîner. Cela peut durer des jours, des semaines voire des mois et même des années.
Au Togo, l’enchaînement est pratiqué dans des camps de prière et des centres de guérison traditionnels, souvent dirigés par des autoproclamés prophètes.
La nature de l’enchaînement signifie que les gens vivent dans des conditions très restrictives qui réduisent leur capacité à se tenir debout ou à bouger. Les personnes enchaînées les unes aux autres sont souvent obligées d’aller aux toilettes et de dormir ensemble.
L’entrave a un impact sur la santé mentale et physique d’une personne. Une personne enchaînée peut être affectée par le stress post-traumatique, la malnutrition, les infections, les lésions nerveuses, l’atrophie musculaire et les problèmes cardio-vasculaires.
Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants a noté que l’enchaînement « équivaut sans équivoque à de la torture, même s’il est commis par des acteurs non étatiques dans des conditions dans lesquelles l’État les connaît ou devrait les connaître ».
Avec la dernière réaction de Human Rights Watch, le gouvernement togolais doit prendre en considération les recommandations de cette organisation internationale afin de réduire ces abus dans le pays.