La liberté d’expression à travers l’Afrique de l’Ouest n’est pas une évidence. Elle est heurtée à la crise sécuritaire doublée de la resurgence des putschs militaires dans la région, ces dernières années.
Au cours du dernier trimestre 2022 (Octobre-Décembre), 21 cas de violations de la liberté de la presse ont été recensées à travers l’Afrique de l’Ouest, contre 46 lors du trimestre précédent (Juillet-Septembre) au cours de la même année. Soit une baisse de 55% du nombre d’entraves à la liberté de la presse. Cependant, la liberté de la presse dans la région n’est pas une évidence. C’est ce que révèle la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) dans son rapport sur la situation sur la liberté de la presse, au titre du dernier trimestre 2022.
Les attaques physiques, des arrestations/détentions, des suspensions de journaux, des amendes, des condamnations, des fermetures, des menaces contre les journalistes sont monnaie courante dans la région. Des mesures répressives « renforcées par la surveillance numérique, les analyses médicolégales numériques et le piratge des appareils numériques des journalistes et des militants », s’ouligne l’ONG internationale basée à Accra.
Le Nigéria, le Sénégal et le Burkina Faso, de très mauvais élèves
En tête des pays ayant enregistré plus d’entraves à la liberté de la presse se trouve le Nigéria. L’Etat le plus peuplé d’Afrique a connu, à lui seul, 07 cas de violations durant cette période. Le Sénégal et le Burkina Faso sont deuxième et troisième de la classe, respective avec 04 et 03 violations. Ensuite, vient le Mali, où 02 violations ont été signalées durant la période d’Octobre à Décembre 2022.
« Au cours de ce trimestre une (1) violation a été enregistrée dans chacun des pays suivants : la Guinée Bissau, le Togo, la Côte d’Ivoire, le Libéria et le Bénin », lit-on.
Les coupables
Selon cette organisation régionale qui milite contre les violations et les attaques contre la liberté de la presse, les agents de sécurité sont responsables de 40% des violations, pendant que les agents de l’Etat/de la fonction publique et autres individus en sont responsables de 15%. Viennent ensuite les instances de régulations des médias et les partisans de partis politiques. Ces derniers ont commis 10% des cas de violations de la liberté de la presse recensées.
La crise sécuritaire, les putschs militaires pointés du doigt
« La menace qui pèse sur les droits de l’homme en général et sur la liberté de la presse en particulier s’est accentuée ces dernières années. Les rébellions armées et les attaques terroristes dans la zone sahélienne du Burkina Faso, du Mali, du Niger et du nord du Nigeria ont conduit à l’adoption d’une série de lois qui restreignent l’espace civique et inhibent la liberté de la presse. Les gouvernements civils du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso ont également été renversés par les militaires. Ces évènements ont créé un environnement étouffant qui restreint la liberté de la presse », souligne le rapport publié en prélude à la Journée internationale de la liberté de la presse observée ce 3 Mai.
Par Mawuédem Akotoh