Togo–Agriculture : La filière Soja en péril

Les producteurs de Soja au Togo ne sont pas au bout de leur peine. L’appétit vorace des prédateurs est en passe de conduire la filière de Soja tout droit dans l’abîme. Un scénario qui revient souvent lorsque les citoyens togolais travaillent d’arrache-pied pour faire émerger un secteur agricole. Hier, c’est le coton. Aujourd’hui, le soja. Et demain ?

Le pire, c’est que des Togolais, pas des moindres, soutiennent ces prédateurs qui sont pour la plupart des étrangers qui, après avoir détruit la filière de coton, se ruent vers le soja que les locaux ont pris tant d’années à construire. Après le retard de la campagne 2022-2023 avec son lot de dommages causés aux acteurs locaux, on apprend des velléités venant de ces prédateurs. Ces producteurs déjà offusqués par les manœuvres dilatoires orchestrées de toutes pièces par des « vautours », ont le cœur dans la main.

Ce sont plusieurs milliards de francs qui ont été investis par les acteurs dans le Soja avec les graines achetées entreposées dans les villages et partout ailleurs. Il convient de préciser que les semences et les récoltes ont une durée de péremption. Par conséquent, il faut que ces acteurs écoulent à temps leurs marchandises au risque de perdre leurs productions  et sombrer dans la dette, et par ricochet, harcelés par des banques.

Le comble d’après nos recoupements, les producteurs sont désormais forcés de convoyer leurs stocks de production sur le site de la Plateforme Industrielle d’Adetikopé (PIA) dans le cadre de la nouvelle campagne de commercialisation du Soja. D’ailleurs, faudra-t-il préciser que PIA a lancé à travers sa branche Agri-value chain (PIA AVC) un recrutement dans le cadre d’un programme stage, où 30 stagiaires sont recherchés pour un projet de courte durée.

« Le programme concerne les jeunes diplômés sortis des Ecoles de formation aux métiers agricoles, pour une opération de collecte de données. L’opération est prévue se dérouler sur l’étendue du territoire de juin à août 2023 », peut-on lire dans une offre de stage.

Des indiscrétions parvenues à notre rédaction, il apparait qu’il s’agit d’un subterfuge pour substituer les producteurs locaux par de présumés stagiaires qui seront des marionnettes guidées par des mains tapis dans l’ombre. Une manœuvre qui, à terme, devrait conduire à l’éjection des vrais acteurs de la filière de Soja au Togo.

« Nous vendrons des semences à 500f à nos producteurs. Quand PIA est arrivée, elle nous a critiqué de vendre trop chère la semence. Et qu’elle va produire et vendre la semence à 300f. Elle vend les mêmes semences à 750f livré au producteur. Au même moment, elle dit que la graine du soja coûte trop cher pour être rentable à la transformation », a déclaré un acteur local qui requiert l’anonymat.

Au regard de cette situation, les producteurs regroupés au sein du Conseil interprofessionnel de la filière soja au Togo (CIFS-Togo) et de l’ANCES ne savent plus à quel saint se vouer. Le gouvernement se fait discret sur le sujet, pendant que ces derniers se font arracher leur initiative au-grand dam de leur volonté à faire valoir l’intérêt de toute une nation qui croule déjà sous le poids d’une gabegie intestine, de la gourmandise et du vice.

Notons que pour l’heure, les dés semblent déjà pipés et il y a péril en la demeure. Les producteurs de Soja, livrés à eux-mêmes, sont en proie à une machination qui vise leur déclin au profit des étrangers qui ne sont visiblement  pas des initiés. On se demande quel est ce pays qui sacrifie ses entreprises locales au profit des étrangers.

Nous y reviendrons

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