Togo- Togocom : Situation confuse pour des techniciens et commerciaux

Les techniciens et commerciaux étaient sous contrat depuis les années 2000 et 2010 avec la société Togotelecom. Mais l’arrivée de Togocom va tout chambouler dans leur vie professionnelle. Actuellement, ces techniciens et commerciaux, plus de 80, ne savent plus à quel saint se vouer. Ils sont tirés à hue et à dia sous des entreprises intérimaires sans aucune raison valable. Leur situation est si confuse qu’ils ne savent pas, à l’heure actuelle, s’ils sont toujours sous contrat ou s’ils sont licenciés.

 Au Togo, pour répondre aux nouveaux enjeux technologiques et défis en matière de télécommunications, une réorganisation profonde des activités du téléphone fixe et mobile s’est opérée en 2017, avec la création de la Holding Togocom dont la privatisation a été actée en 2018 par l’Etat puis concrétisée en novembre 2019 avec l’arrivée du partenaire stratégique AXIAN-ECP. Le groupe Togocom venait de naître de la fusion de l’opérateur historique Togocellulaire et TogoTelecom. Cette refondation et l’arrivée du nouveau partenaire stratégique n’a pas eu que des impacts dans la réorganisation, le fonctionnement et le travail au sein de la société. La vie professionnelle des employés a été fortement bouleversée.

Certains, pour sauver leur poste, ont voulu noyer d’autres. C’est le cas de ces techniciens et com merciaux du regretté Togotelecom qui, depuis l’arrivée des nouveaux partenaires, vivent une situation professionnelle confuse au sein de l’entreprise. Ils sont trimballés dans tous les sens, sans savoir, à ce jour, ce qu’il en est exactement de leur situation.

Ils sont près de quatre-vingts employés dont vingtaine recrutés en 2015 sous Togotelecom pour un contrat de 6 mois. Après, ils avaient encore été reconduits, à deux reprises, pour 6 mois. Suivi d’autre contrat d’un an. Après expiration de ce dernier contrat, les techniciens et commerciaux ont continué à travailler pendant 12 mois encore et percevaient leurs salaires, avec les avantages y afférents, sans que le contrat ne soit renouvelé cette foisci. Ensuite, il y eut une période de trois mois sans salaire.

C’est le début du périple de ces agents dont les contrats devraient normalement se transformer en CDI (Contrat à Durée Indéterminée) après avoir continué à travailler normalement pendant un an avec l’arrivée du groupe Togocom. « C’est en mai 2019 qu’on nous informe qu’il y a des remaniements à faire et qu’on va nous transférer dans une entreprise intérimaire qui va nous gérer, le temps que Togocom prenne place pour nous recruter », se souvient un technicien. C’est ainsi qu’ils ont été transférés, bon gré mal gré, à GRH Consult en 2019. « Nous nous y étions opposés, mais seulement qu’on ne savait pas que nous sommes dans la légitimité. Pendant ces 3 mois sans salaires, ils nous ont affamés pour nous contraindre à rejoindre l’autre entreprise en usant des intimidations et menaces. Ils nous ont forcés à signer dans la nouvelle entreprise intermédiaire GRH Consult, puisqu’ils nous ont dit que c’est de cette seule manière qu’ils vont pouvoir nous payer ces 3 mois», déplore un autre agent.

A GRH Consult, selon les témoignages, tous les avantages liés à leurs postes ont été coupés. «En mai 2019, nous avons signé notre nouveau contrat de 3 mois avec tacite reconduction à GRH Consult sans dépôt de dossier. Quand on était à Togotelecom, on avait tous les avantages comme un CDI. Les primes, les cadeaux, nous en avons. En nous transférant vers GRH, le DRH nous avait dit verbalement qu’on aura toujours tous ces droits. En décembre 2019, tout cela a été respecté, et après, plus rien », s’indigne notre interlocuteur.

C’est dans cette situation qu’ils se trouvaient jusqu’au 29 avril 2023, date de fin de leur contrat. Mais avant cette date, GRH Consult les avait informés que leur contrat ne sera pas renouvelé. « Le contrat avec GRH est à chaque fois reconduit jusqu’à ce que nous n’atteignions 4 ans en avril dernier.

Normalement, nous devons entrer en CDI avec GRH, mais étant incapable de nous signer le CDI, GRH a fait appel à Togocom concernant notre cas », explique un commercial. Pensant pouvoir être repris par le Groupe Togocom puisque leur contrat n’avait pas été résilié, ils seront finalement surpris à la dernière minute quand « la direction de Togocom nous informe qu’elle va encore nous envoyer dans une société intérimaire. Certains sont envoyés à Netis, d’autres à TogoInterim et les commerciaux ailleurs. Pour nous, la nouvelle société qui n’est autr e que «Togointerim » nous demande de constituer de nouveaux dossiers avec notre carte CNSS, et une lettre de demande pour une période d’essai de 6 mois alors que nous travaillons déjà depuis plusieurs années avec Togotelecom devenue Togocom. Les autres aussi sont dans le même cas », déplore un autre technicien. Une situation qui laisse ces agents dans une confusion totale.

Que leur réserve- t-on dans ce nouveau contrat qu’on veut leur faire signer? Doivent-ils le signer ou pas? À quoi joue la direction de Togocom avec ces employés ? Tant de questions qu’ils se posent et auxquelles ils n’ont pas de réponse.

Malgré les nombreux courriers adressés à la direction de Togocom, au ministère du travail et du dialogue social, au ministère de l’économie numérique, et au ministère de la sécurité et de la protection civile, malgré les démarches menées vers l’inspection du travail et leur syndicat, personne ne semble prêter attention à la situation de ces employés.

A les en croire, A Togocom, il y aurait un groupe d’individus qui ne veut plus qu’ils soient réintégrés dans la société, pour des raisons qu’ils ignorent. Ces employés ne demandent qu’à être situés sur leur situation au sein de la société. Soit ils sont réintégrés, soit licenciés avec les droits y afférents.

Pour des besoins de recoupements, nous avons appelé, puis envoyé un message au Directeur des Systèmes d’information à Togocom, Do-Risika Rafi à propos de la situation de ces techniciens et commerciaux de l’ancien TogoTélécom, malheureusement, il ne nous a pas répondu.

Affaire à suivre

Liberté N° 3820 du Mercredi 17 mai 2023

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