Le visage de ce jeune camerounais et l’image des corps sans vie de son épouse Marie et de son enfant Fati, âgée de 6 ans, dans le désert, révèlent au monde entier l’horreur que vivent les migrants subsahariens en Tunisie. Marie et Fati sont mortes de soif alors que Pato ne doit la vie sauve qu’à deux Soudanais qui lui ont offert de l’eau.
Le témoignage effroyable de Pato, jeune camerounais et peintre de profession, qui a vécu pendant sept (07) années en Libye avec sa femme Marie (30 ans) et sa petite fille Fati (6 ans) avant de tenter l’aventure tunisienne, fait froid dans le dos. En réalité, leur déplacement vers la Tunisie était uniquement motivé par le besoin de scolariser Fati qui a vu le jour dans une banlieue de Tripoli.
La petite famille qui a quitté Tripoli, a rejoint la ville tunisienne de Ben Gherdane le 13 Juillet où, interceptée par la police, elle a été une première fois conduite et laissée dans le désert. Leur seconde tentative a connu le même sort, mais cette fois-ci Pato, sa famille ainsi que d’autres Africains subsahariens ont été battus, fouillés et dépouillés de leurs biens avant d’être abandonnés dans le désert de Libye.
« Ils nous ont abandonnés à côté d’une tranchée, en disant de traverser et d’aller tout droit vers la Libye. Ils nous ont menacés avec des armes » (…) « j’étais à bout de forces. Ça faisait quatre jours que nous marchions, sans manger ni boire. Je me suis écroulé. Nous pleurions tous les trois. Ma femme m’a demandé d’essayer de me lever et de continuer » (…) « Je sentais que c’était fini pour moi. J’ai demandé à ma femme de partir et me laisser », déclare Pato.
C’est un ami qui montrera plus tard à ce père de famille, une image des corps sans vie de sa femme et de sa fille blottis l’un contre l’autre dans le désert de Libye. Le traumatisme demeure constant dans l’esprit de Pato qui avoue qu’il ne cesse de penser à se suicider.