La diplomatie togolaise a un drôle de fonctionnement. Tout est dans le bling bling et parfois les actions prioritaires urgentes sont royalement ignorées. A l’occasion de la conférence inaugurale de la rentrée diplomatique 2023-2024 organisée le 9 septembre 2023 à Lomé, on en encore plein nos oreilles. Le ministre des Affaires Etrangères, de l’Intégration Africaine et des Togolais de l’Extérieur Robert Dussey n’a pas raté l’occasion après une année 2022 marquée par de grandes avancées et une implication constante en faveur de la promotion de la paix et de la stabilité (sic).
«Le Togo ne peut abandonner les pays frères qui sont en crise, en guerre et en transition politique qui constituent des moments d’incertitudes majeures, et les efforts de médiation et de facilitation à l’échelle de la région et du continent seront renforcés tout au long de l’année. La diplomatie togolaise valorise l’expertise africaine dans la recherche de solutions aux problèmes africains et c’est la meilleure façon pour l’Afrique de limiter les ingérences extérieures qui ont contribué ces dernières années à attiser les foyers de tensions et à mettre le continent en difficulté» a-t-il déclaré avant d’ajouter « au niveau régional et continental, l’engagement du Togo pour la paix et la sécurité collective sera renforcé. La première édition du Forum de la paix et de la sécurité de Lomé, prévue pour le mois prochain, donnera le ton. »
Des Togolais en détresse à l’extérieur abandonnés à leur sort
Dans ce lumineux agenda, le chef de la diplomatie togolaise fait la part belle à la promotion de la paix et de la sécurité. Il était au four et au moulin dans la résolution des crises à travers une médiation paradoxale. Curieusement, quand il s’agit du sort des Togolais en détresse à l’extérieur, il devient aphone. La dernière illustration en date demeure le cas des trois togolais arrêtés au Mali avec le conseiller diplomatique français Stéphane Jullien. Conseiller des Français de l’étranger basé au Niger, Jullien a été arrêté le 8 septembre 2023 par les forces de sécurité nigérienne. Il est détenu pendant une semaine pour « complicité d’atteinte à l’intégrité du territoire ».Il a été finalement relâché après les pressions de la France. Malheureusement, trois de ses employés togolais interpellés au même moment que lui sont toujours dans les geôles. Les trois togolais qui travaillent dans une entreprise du conseiller des Français de l’étranger au Niger sont toujours en détention dans cette affaire gérée par la Direction générale de la sécurité extérieure, une instance rattachée à la Présidence nigérienne.
Le chantre du panafricanisme n’a même rien dit à propos jusqu’alors.
La France que bon nombre pourfend pour sa politique africaine, ne perd jamais de seconde dès qu’un cheveu de ses concitoyens est touché à l’étranger. C’est bien déplorable que ce ministère n’existe que pour des causes dont on ignore vraiment la réelle portée. Un ministère chargé des Togolais de l’extérieur, dites-vous ? Il va bien falloir changer cette dénomination face aux réalités décapantes.
Kokou Agbemebio
Source: Le Correcteur / lecorrecteur.info