En réponse au coup d’Etat militaire du 30 Août 2023 ayant renversé le régime Bongo, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) a annoncé la suspension du Gabon de ses instances. Pourtant le chef putschiste, ayant prêté serment et devenant Président du Gabon, est allègrement reçu par les Etats membres de la CEEAC.
Après avoir été reçu le 19 Septembre dernier par le Chef de l’Etat équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, le Président de la transition au Gabon, Brice Oligui Nguema a été accueilli hier dimanche au Congo Brazzaville par le Président Denis Sassou Nguesso.
Ces deux déplacements s’inscrivent visiblement dans une opération de charme initiée par les nouvelles autorités militaires du Gabon à l’endroit de ses voisins. Il faut noter que les relations de Libreville avec le Congo et la Guinée Equatoriale n’étaient pas au bon fixe. Aussi le Général Brice Oligui Nguema voudrait-il à travers ces visites, expliquer les raisons qui justifient la prise de pouvoir par les militaires au Gabon.
Mais ces déplacements du Général Nguema révèlent une différence de traitement réservé aux coups d’Etats militaires sur le continent africain.
A l’Ouest du continent où 4 Etats (Mali, Burkina Faso, Guinée, Niger) sont dirigés depuis par des militaires qui ont renversé des chefs d’Etats issus d’élections, on semble ne pas vouloir badiner avec le sujet. On imagine mal le Capitaine Traoré Ibrahim ou encore le Colonel Assimi Goïta être aussi aisément reçu par les autres Chefs d’Etats de la CEDEAO qui ont soumis ces régimes militaires à de lourdes sanctions.
En revanche, du côté de la CEEAC, ce n’est visiblement pas le même son de cloche. Cela fait longtemps que la prise de pouvoir au Tchad par le fils de feu Idriss Déby est actée. Ayant été reçu par deux « grands ténors » des Etats de l’Afrique Centrale, le Général qui a mis fin au règne des Bongo, peut être conforté dans sa position de Chef de l’Etat gabonais. D’ailleurs, aucune voix ne s’élèvent plus de ce côté pour demander un quelconque retour à l’ordre constitutionnel. Le « Make Noise » d’Ali Bongo est tombé dans des oreilles de sourd.