En réponse au coup d’Etat militaire du 30 Août 2023 ayant renversé le régime Bongo, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) a annoncé la suspension du Gabon de ses instances. Pourtant le Chef putschiste, ayant prêté serment et devenant Président du Gabon, est allègrement reçu par les Etats membres de la CEEAC.
Les institutions sous régionales que sont la CEDEAO, l'UEMOA, et la BCEAO, ont elles juridiquement le droit de saisir les avoirs du Niger, de bloquer ses approvisionnements terrestres, et d’envisager une opération militaire contre lui ? Ne violent elles pas de façon flagrante leurs propres textes ? Survivront-elles à ces décisions qui plombent l’intégration ? Et si le Mali, le Burkina Faso, le Niger en profitaient pour les quitter et créer leur groupe avec la Guinée ?
Malgré « l’activation et le déploiement de la force en attente », annoncée lors du sommet des Chefs d’Etat de la CEDEAO, le dialogue demeure la voie royale pour une sortie de crise positive.
« Le courage consiste à choisir le moindre mal si affreux qu’il soit encore ». Dans La Chartreuse de Parme, STENDHAL nous apprend qu’il y a des choix difficiles absolument nécessaires que les hommes opèrent dans les méandres de l’histoire pour une possible transcendance sur des supplices qui les écrasent, les guillotinent dans le noir silence d’indifférence des autres.
La vague de coups d’Etats militaires qui a emporté plusieurs gouvernements en Afrique de l’Ouest, a révélé une compétence longtemps ignorée de la CEDEAO : expertise sur les durées de transition. Pour tous ces putschs militaires, après les condamnations protocolaires, c’est constamment la durée des transitions qui détermine la CEDEAO dans ses réactions.
Le Togo des Gnassingbé, c’est une lapalissade, c’est une dictature vieille de 54 ans de père en fils et de type monarchiste, avec un pouvoir de père en fils. Et un régime fort verrouillé. Mais aussi l’un des Etats les plus militarisés d’Afrique. Le règne sans fin des Gnassingbé, ils le doivent à une armée, pilier du régime, qui est tout sauf républicaine et prête à tout pour garder le pouvoir dans le giron familial. Un appareil sécuritaire dont le point fort est sa cohésion sans faille et ethniquement très homogène sur lequel comptait le père, mais aussi le fils, aujourd’hui.
En l’espace de six mois, l’Afrique de l’Ouest enregistre trois coups d’état. Après le Mali et la Guinée, le Burkina Faso vient de connaître un putsch, avec le renversement du pouvoir de Roch Christian Kaboré. Si l’on ne saurait se réjouir d’une telle issue dans les démocraties de la sous-région, la répétition des faits pose sur le tapis, une question non moins pertinente. Assiste t-on inexorablement à un printemps qui scellerait définitivement le sort des dirigeants des états africains francophones à la solde de Paris?
Le coup d’État militaire survenu au Burkina Faso le 24 Janvier 2022, après ceux du Mali et de la Guinée, ne peut engourdir, par la surprise qu’il a créée, la curiosité de chercher à comprendre les mobiles de l’intrusion des armées dans la vie politique des États de l’Afrique de l’ouest.
Les derniers développements sociopolitiques en Afrique de l’Ouest ne laissent pas indifférent le premier responsable de Sursaut-Togo, Kofi Yamgnane. Dans un entretien accordé à la Rédaction de votre journal, ce responsable politique togolais, résidant en France, analyse les coups d’Etat intervenus au Mali, en Guinée et au Burkina Faso.