Les responsables de la filière Soja et de ses produits dérivés au Togo commencent la nouvelle campagne avec des inquiétudes. Cette filière assez prometteuse dès ses débuts semble faire face à des clivages qui laissent entrevoir des déboires liées sa précédente campagne de commercialisation. Même si les acteurs se disent confiants pour les nouveaux défis pour la nouvelle campagne (2023-2024) lancée le 18 octobre 2023, tout porte à croire qu’ils ne sont guère au bout de leur peine.
Il y a quelques années, on pouvait lire « La culture du Soja prend son envol ». Des titres d’articles de presse du genre qui ont marqué les débuts de la toute première campagne de commercialisation du Soja et de ses produits dérivés au Togo. Mais très vite, ce secteur qui représente une lueur d’espoir pour l’agriculture togolaise aura du plomb dans l’ail et l’on se rend compte d’une évidence : Des tentatives pour asphyxier les acteurs locaux surtout dans le cadre du lancement de la campagne 2022-2023 qui a connu une vraie dérive.
Et si ladite campagne n’a pas tenu ses promesses, c’est en raison du fait que les acteurs attendaient toujours les agréments d’achat et d’exportation du soja dont les dossiers dormaient tranquillement au ministère togolais en charge du Commerce alors que tout était planifié selon un chronogramme pour que ces acteurs puissent commencer rapidement la commercialisation et l’exportation, vu les prêts qu’ils ont contractés auprès des banques pour l’investissement dans la filière.
Ainsi, le retard accusé dans le cadre de la signature des agréments pour la campagne de commercialisation 2022-2023 a occasionné des remous au sein de la filière soldée une manifestation des producteurs auprès du Conseil interprofessionnel de la filière soja (CIFS). Ceci, avec en toile de fonds l’arrivée de plusieurs exportateurs nationaux et des expatriés, l’installation des unités de transformation avec des déclarations de volumes très élevés en besoin. Il faut par ailleurs préciser que des charges ont été portées contre la Plateforme Industrielle d’Adétikopé (PIA), responsable de la transformation du Soja en divers produits notamment l’huile de soja comestible, les gâteaux déshuilés, la lécithine, les morceaux de soja, le soja grillé et de la farine de soja avec un investissement de plus de 165 milliards FCFA pour la mise en place de deux usines de transformation dont les producteurs ne bénéficient pas alors qu’à ce moment précis, les producteurs avaient encore quatre-vingt-mille (80 000) tonnes de Soja non écoulées, ce qui représente un manque à gagner.
On chiffre à plusieurs milliards de francs CFA le coût que représente tous les investissements consentis par les acteurs qui se retrouvent « interdits » d’exercer du jour au lendemain sans compter les graines achetées entreposées dans les villages et partout ailleurs.
Des indiscrétions parvenues à notre rédaction, il apparait qu’il s’agit d’un subterfuge pour substituer les producteurs locaux par de présumés stagiaires qui seront des marionnettes guidées par des mains tapis dans l’ombre. Une manœuvre qui, à terme, devrait conduire à l’éjection des vrais acteurs de la filière de Soja au Togo. Ceci, au nez et à la barbe du gouvernement togolais qui s’est mu dans un silence plutôt inattendu.
Voyant une filière au bord de l’implosion, le Conseil interprofessionnel de la filière soja toujours guidé par une volonté manifeste de la voir réussir, a pris des dispositions notamment une tournée nationale à l’endroit des acteurs, une rencontre avec les partenaires à savoir les banques et les investisseurs afin de les rassurer et pour finir, une journée porte-ouverte en amont au lancement de la campagne de commercialisation du Soja et de ses produits dérivés 2023-2024. Autres dispositions, c’est l’instauration d’une période moratoire d’un mois courant du 18 octobre au 17 novembre afin de permettre aux unités de transformation de s’approvisionner en soja, la fixation d’un prix plancher bord champ de 200 F/kg avec le concours de la Fondation Avril après étude minutieuse du marché mondial tenant compte de l’instabilité des prix ces dernières années. Aussi, il est stipulé dans l’accord que tout achat en dessous de ce prix plancher sera sanctionné par la saisie du soja, le retrait de l’agrément-, le suivi des cargaisons à l’aide du système Trace Soja, l’interdiction d’être à la fois transformateur et exportateur.
S’agissant d’ailleurs de la nouvelle campagne, « les ambitions sont portées à la hausse. C’est un objectif de 300 000 tonnes, à raison de 150 000 tonnes de soja conventionnel et autant de bio qui est fixé, contre un chiffre de 281 000 tonnes réalisé la campagne écoulée. Les acteurs se sont engagés à transformer 80 % du soja conventionnel et seulement 20 % sera exporté. Quant au bio, 60% est destiné à l’exportation pour maintenir la place de leader du Togo en la matière vers l’Europe, rang qu’il truste depuis 4 ans, et seulement 40 % est réservé à la transformation locale », rapporte le confrère LeTabloid.
Même si la nouvelle campagne lancée s’annonce prometteuse, les acteurs ne sont trop rassurés. Ces derniers ne sont toujours pas épargnés de l’agitation des mains noires tapis dans l’ombre pour couler le navire Soja, selon les indiscrétions. Toutefois, les espérances sont portées sur la réelle collaboration de la Plateforme Industrielle d’Adétikopé, la sincérité des acteurs, et surtout l’intervention du gouvernement pour que sonne la fin du désordre observée dans la filière.