Le Forum sur la paix et la sécurité vient de s’achever dimanche le 22 octobre 2023 à Lomé. Certains activistes togolais qui luttent pour une stabilité durable sur le continent ont décidé de le censurer. En même temps, ils sont en train de faire un compte-rendu de la rencontre. Pourquoi cette démarche est-elle un paradoxe, une contradiction ?
En 2007 à Doha, j’ai participé à une rencontre de Haut Niveau des Nations Unies.
Nous étions en Terre Arabe, endroit que certains pourraient qualifier de “terre ennemie d’Israël” vu le conflit Israël – Palestine.
Durant la rencontre, un fait a halluciné la salle.
Deux participants Israéliens en un moment donné des discussions affichent une banderole qui dénonce le rôle ambigu que selon eux, jouent l’ONU et les pays arabes dans ce qu’ils qualifient de terrorisme de Hamas.
Tous les médias sur place braquent leurs objectifs sur nos deux activistes. Leur action fait finalement le tour de planète en un temps record ; mission accomplie !
Le weekend qui vient de s’achever a vu l’organisation à Lomé de la “Peace and Security Forum 2023.”
Les camarades activistes ont décidé de la boycotter. Curieusement dès la fin de la rencontre, ils sautent sur leur clavier, allument leur caméra et commentent en boucle les interventions.
C’est cette façon de faire que je qualifie de paradoxe, de contradiction et qui forme un pan de la Grande Confusion dans laquelle baigne actuellement l’Afrique.
Le journaliste Camus Ali sur sa chaîne YouTube vient de faire une sortie très intéressante: “Mr Abdoulaye Diop, pour que les Maliens souffrent, les Togolais doivent-ils mourir? ».
Le début de son intervention est quelque peu équivoque ; il salue la présence du représentant des putschistes du Niger et critique la prise de parole de celui du Mali.
Ce genre de balancier me parait bancal, dans la mesure où le pouvoir de Lomé est à la fois ami des deux régimes putschistes.
Leurs différents émissaires sont d’ailleurs tous présents au Togo.
Cette ombre levée, Camus a sorti dans sa communication une phrase extrêmement juste: “l’opposition togolaise n’a ni relation, ni action.”
En effet, ce sont les relations qui fixent la dominance du monde et ce, à tous les niveaux, particulièrement quand il s’agit de conquérir le pouvoir.
Ce sont les relations qui alimentent également l’action décisive.
Alors comment tisse-t-on les relations internationales? Comment alimente-t-on l’action à travers ces relations?
J’ai une longue expérience de certains lieux où se nouent les relations internationales et où s’agrémentent l’action collective.
Et c’est à dessein que j’ai donné l’exemple de nos deux compagnons Israéliens.
Ces derniers pouvaient aussi dire à tort ou à raison que les pays Arabes ne sont pas des lieux sécurisés pour leur visite. Ils pouvaient faire un trait sur la conférence.
Mais ils ont pris sur eux la ferme résolution d’y aller, d’agir, de tisser des relations, de faire la publicité autour de leur cause.
Ils ont agi par des faits, et c’est ce que recommande Camus comme démarche dans sa vidéo.
À Lomé, les activistes togolais refusent de participer au Forum. Curieusement, ils n’organisent aucune action alternative concrète aussi bien sur place qu’à l’extérieur du pays pour faire entendre leur voix et peser sur les événements.
Aucun guerrier ne décampe le champ de guerre. S’il le déserte, c’est pour reculer pour mieux sauter. C’est pour penser des stratégies alternatives, revenir dans l’arène et terrasser tout ce qui bouge.
La diaspora ne peut pas abandonner les lieux où se tissent les grandes relations de ce monde et où se rallient les moyens pour l’action finale.
Elle a un rôle décisif à jouer dans la relève de notre continent.
C’est dans leur pays d’accueil qu’ils doivent commencer ce travail d’organisation, de pression, et de fer de lance.
C’est aussi dans les agoras internationales, dans les endroits où interviennent leurs adversaires qu’ils doivent se faire voir et entendre en masse.
Leur distanciation de ces points stratégiques, leurs cris de haine contre l’Occident ne sont que des bâtons qu’ils sont en train de se mettre brutalement dans les roues.
La diaspora juive n’a pas vociféré avant d’avoir gain de cause.
Les personnes LGBT n’ont pas crié comme des fous avant de porter haut leur cause.
Ces gens-là ont au contraire infesté toutes les grandes sphères de la société dans le calme, par un travail de fourmi.
Les bombements de torse et les bottes n’ont jamais gagné le genre de guerre auquel notre continent est confronté.
Il faut de l’intelligence fine et la balle est définitivement dans le camp de la diaspora africaine.
En a-t-elle le bon fusil pour la tirer?
Se Osagyefo Togoata Asafo
Monsieur Osagyefo
Vous interpellez nommément les activistes togolais. Ils vous répondront si besoin (ou pas).
Mais moi je me permets d’intervenir car j’ai dois régler deux ou trois points en ayant fini de vous lire.
1-Concernant les deux exemples que vous donnez, vous faites exprès ou bien vous n’avez vraiment pas compris qui dirige le monde unipolaire duquel nous sommes en train de sortir ? Car l’instabilité mentale de beaucoup d’intellectuels africains qui est le résultat des 600 ans de domination occidentale doit prendre fin!
2- Les forces de libération du continent africain sont et doivent être des forces endogènes. Les États-Unis n’ont installé la démocratie nulle part. De temps en temps, la CIA ( c’est son boulot favori) arrive à manipuler ou instrumentaliser les mouvements d’émancipation, de libération des peuples. Elle au moins a bien compris à quoi sert un peuple. Donc demander aux togolais de vagabonder dans le monde pour un problème qui est dans leur chambre à coucher, c’est être méchant avec eux. Les solutions existent , nous en avons proposer. Par paresse, on peut ne pas l’appliquer. C’est au risque du patient puisque Le médecin ne passera pas dans chaque maison pour vérifier la posologie prescrite.
Aucun panafricaniste n’est confronté à votre supposé paradoxe. Ils sont au point mentalement. Au pire ils ont leur boussole comme secours.