Finalement, le procès de l’ancien chef d’Etat-major de l’armée, le Général Félix Abalo Kadangha et compagnie, s’ouvre ce lundi 23 octobre 2023 à Lomé. Il comparait devant le tribunal militaire mis en place par un décret pris le 24 avril 2023 par Faure Gnassingbé.
« Complicité d’assassinat, complicité d’entrave au bon fonctionnement de la justice et complot contre la sûreté intérieure de l’Etat », ce sont-là les chefs d’accusation retenus contre cet officier supérieur de l’armée togolaise. Seront également dans le box des accusés le Colonel Ali Kodjo, le Commandant Atèkpè, le chauffeur de feu Colonel Madjoulba, la Secrétaire particulière de feu Madjoulba, Le Lieutenant-Colonel Agbonkou, Le Colonel Alex Yotroféi Massina, à l’époque des faits Directeur Général de la Gendarmerie nationale et le Colonel Charles Sogoyou, chef d’Etat-major de l’armée de terre à l’époque des faits. Ces deux derniers officiers qui comparaîtront libres à titre de témoins ont été à plusieurs reprises cités par le Général Félix Kadangha dans sa déposition.
Le procès qui s’ouvre ce lundi 23 octobre 2023, est lié à l’affaire dite Toussaint Madjoulba, Commandant du Bataillon d’intervention rapide (BIR), assassiné dans des conditions troubles dans ses bureaux le 4 mai 2020. L’enquête ouverte a débouché sur l’arrestation de plusieurs éléments de l’armée dont certains ont été gardés au secret dans les locaux de l’ANR jusqu’à ce jour. Le Général Abalo Félix Kadangha entre-temps démis de ses fonctions de chef d’Etat-major le 6 décembre 2020 et nommé à la tête de la Commission nationale pour la lutte et la prolifération des armes légères (CNL-PAL) le 16 mars 2021, a été arrêté le 12 janvier 2023. Il a été ensuite présenté au Procureur et à un juge d’instruction.
Une fois l’instruction close, les principaux inculpés ont été renvoyés devant le tribunal militaire. Selon des sources concordantes, le chauffeur de feu Colonel Madjoulba, accusé d’avoir remis l’arme de son patron à l’assassin avant de la remettre à sa place après le crime, serait revenu sur sa première déclaration, arguant qu’elle a été obtenue sous le coup de la torture. Curieusement, le passage de la remise en question de sa première version aurait disparu dans le dossier de l’instruction.
Les accusés, au nombre de sept (07), seront défendus par Me Yaovi Amegankpoé, Me Joseph Yobe Sambiani et bien d’autres qui se constitueront certainement demain à l’audience. L’autre partie aura pour avocat, Me Patrick Dandakou.
Le Général Félix Kadangha, beau-frère de Faure Gnassingbé, a joué un rôle assez déterminant dans sa prise de pouvoir sanglante en 2005. Il a ensuite connu une ascension assez fulgurante, devenant le bras armé du régime. Dans la nuit du 12 au 13 avril 2009, c’était lui qui a lancé l’assaut au domicile de Kpatcha Gnassingbé, accusé à l’époque d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat. Bilan, deux soldats exécutés, importants dégâts matériels, argent, bijoux et pierres précieuses emportés.
A la veille de ce procès, Faure Gnassingbé, revenu de son escapade d’Abu Dabi, Milan, a convoqué en fin d’après-midi de ce dimanche 22 octobre à la présidence les chefs corps de l’armée togolaise pour les informer officiellement de l’ouverture du procès et des dispositions sécuritaires à prendre.
En septembre 2011, en pleine audience au palais de justice de Lomé, Kpatcha Gnassingbé avait ouvertement accusé Félix Kadangha d’avoir volé des bijoux à son domicile. Et ce dernier de répliquer à Kpatcha Gnassingbé devant le juge d’un ton sentencieux : « Tu es un menteur, tu ne t’en sortiras jamais ». 15 ans plus tard, Félix Kadangha va-t-il réussir, lui, à s’en sortir ? Rien n’est moins sûr.
Ce procès qui s’ouvre ce lundi, loin des médias et pour une semaine selon des sources, va-t-il permettre de savoir la vérité sur l’assassinat du Colonel Toussaint Madjoulba ? Les Togolais attendent de voir.
Ferdinand Ayité