Dans une nouvelle lettre adressée au Secrétaire général des Nations-Unies, António Guterres, Francis Pedro Amuzun de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) interpelle l’institution sur la situation sociopolitique qui prévaut au Togo. A l’approche des élections élections législatives et régionales, le collaborateur de Jean-Pierre Fabre, au nom du peuple togolais, sollicite le concours des Nations-Unies dans l’organisation des élections pour qu’elles soient libres, transparentes et équitables.
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Ma troisième lettre au Secrétaire général des Nations-Unies
Monsieur le Secrétaire général,
Qu’il me soit permis de vous saisir et ceci pour la troisième fois au sujet de mon pays le Togo. Bien sûr que vous saisir est une entreprise difficile, voire une gageure impossible surtout pour quelqu’un comme moi qui ne représente presque rien et qui ne détiens aucun attribut digne de foi. Mais, c’est seul l’amour de ma très chère Patrie, le Togo, qui me donne des ailes pour vous apostropher aux fins de vous voir agir pour sauver les huit millions de Togolais qui souffrent le martyr depuis 60 ans sous le régime des GNASSINGBÉ.
Monsieur le Secrétaire général, le samedi 21 octobre 2023 au sommet du Caire en Egypte, vous avez poussé un cri de coeur, je cite: «Il faut agir maintenant pour mettre fin au cauchemar », fin de citation, s’agissant de la réplique d’Israël sur la bande de Gaza contre l’attaque du Hamas. Ce cri de coeur montre combien vous êtes attaché à la dignité humaine, à la vie tout court. Et, c’est à ce cri, bien exprimé pour sauver les Gazaouis et les juifs que je fais appel pour que vous tournez aussi vos regards sur mon pays le Togo pris en otage par un régime obscurantiste six décennies durant.
Monsieur le Secrétaire général, vous allez me trouver impertinent en ce que je vous dise que l’ONU a oublié le Togo, pire, l’ONU a laissé faire, et à sa guise, le régime des GNASSINGBÉ, en avalisant les nombreux coups d’État qui y sont perpétrés à la barbe de la communauté internationale sans que celle-ci ait levé le petit doigt. Les Togolais cherchent toujours à comprendre pourquoi ils ont été ainsi abandonnés par le reste du monde depuis l’assassinat du premier Président, Sylvanus OLYMPIO, les violations massives des droits de l’homme, l’assassinat des enfants de 11 et 12 ans et surtout le millier de morts de citoyens togolais dans le sang duquel Monsieur Faure GNASSINGBÉ a marché pour usurper le pouvoir à la mort de son père qui a dirigé d’une main de fer notre pays pendant plus de 40 ans. C’est avec stupéfaction que les togolais s’interrogent sur le silence sépulcral des Nations Unies après le rapport d’établissement des faits qu’elles-mêmes avaient commandité en 2005 ?
Les souffrances des populations togolaises sous la dictature féroce des GNASSINGBÉ sont si poignantes que les énumérer s’apparente à un couteau qu’on remue dans une plaie saignante. Mais, à titre d’illustration, voici ce qu’un observateur qui connait le Togo dit, je cite: « Le peuple togolais, sous la famille des GNASSINGBE, est composé d’individus nés sous la menace, qui grandissent sous les brimades et la brutalité policière et qui meurent le cou sous le genou du régime des GNASSINGBE. C’est dire, que ce peuple nait dans la peur, qu’il va à l’école primaire dans la peur, au collège et à l’université dans la peur. Qu’il commence à travailler s’il a la chance, dans la peur. On le tue alors même qu’il a peur. On le pleure en ayant peur….Le Togo est un pays encerclé par une brutalité physique, psychologique et spirituelle. Pendant de longues années dans ce pays, on tue, on emprisonne, on exile, on spolie sans que personne en Afrique, en Europe, en Amérique, en Asie ou en Océanie ne daigne lui venir au secours » fin de citation.
Monsieur le Secrétaire général, ma troisième lettre à vous adresser, veut attirer votre propre attention, celle de l’Institution que vous dirigez ainsi que celle du reste du monde sur les manigances que le pouvoir togolais met en branle pour organiser les prochaines échéances électorales dans l’opacité la plus totale. En ce qui concerne les législatives, le mandat de l’actuelle Assemblée nationale expire en décembre 2023 et nul n’est encore situé quand à la tenue du scrutin alors que la Constitution du Togo dispose que ces législatives aient lieu dans les trente jours qui précèdent la fin du mandat de la législature encours. Au Togo, les élections politiques n’ont rien en commun avec une compétition transparente et équitable, mais constituent une arnaque pour conserver le pouvoir ad vitam aeternam, ceci dans leur organisation et en addition, à travers un découpage électoral inique pour ce qui concerne les élections législatives.
Pour mieux comprendre la situation, le Togo a une population de 8.095 498 habitants avec 91 sièges à l’Assemblée nationale. Ces 91 sièges sont répartis comme suit:
-Région Maritime avec 3 534 991 habitants a 25 sièges de députés et il faut 141 400 habitants pour élire un député.
-Région des Plateaux, 1653 945 habitants, 25 sièges de députés et 65 438 habitants pour élire un député
– Région Centrale, 795 529 habitants, 12 sièges de députés et 66 294 habitants pour élire un député
-Région de la Kara, 985 512 habitants, 17 sièges de députés et 57 972 habitants pour élire un député
– Région des Savanes, 1143 520 habitants, 12 sièges de députés et 95 294 habitants pour élire un député
Et pourtant, la Constitution togolaise consacre l’égalité des citoyens devant la loi et en ce qui concerne les élections c’est une personne, un vote ». A ces disparités citées plus haut, s’ajoutent d’autres disparités qui excluent des centaines de milliers de populations du vote soit en refusant d’inscrire des citoyens de toute une région sur les listes électorales, soit en mettant sous apartheid certaines préfectures du pays. A titre d’exemples: plus de 100 000 potentiels électeurs de la région maritime ont été empêchés de se faire inscrire sur les listes électorales. Non seulement ces citoyens ne pourront pas voter mais aussi ceux parmi eux qui voudraient être candidats ne le pourront pas. Il s’agit de la préfecture d’Agoè-nyivé qui a une population de plus de 900 000 habitants qui n’est même pas érigée en circonscription électorale. Il en va de même pour les préfectures du Bas-mono, d’Anié, d’Akébou, de Kpélé, de la plaine de Mo, de l’Oti-Sud et du Kpendjal-Ouest alors même que ce régime dictatorial a établi les préfectures comme circonscriptions électorales.
Monsieur le Secrétaire général, ma saisine de l’Organisation des Nations Unies n’est ni le fruit d’un fantasme, ni une plaisanterie mais le désir de voir s’établir en terre togolaise, la justice et l’État de droit. A travers ma petite personne, c’est tout le Togo qui appelle les Nations-Unies à lui apporter son concours dans l’organisation des élections pour qu’elles soient libres, transparentes et équitables. Je peux vous assurer que le régime des GNASSINGBÉ qui a mis les Togolais que nous sommes en esclavage, a deux visages; un plein de bonté à l’extérieur et un autre très ténébreux et méchant à l’intérieur. Si le monde continue de fermer les yeux sur les travers de ce régime, l’ONU sera amené un jour à venir ramasser des cadavres au Togo en guise de secours humanitaire et ce sera trop tard en ce moment.
C’est sur cette note de pessimisme que je voudrais encore croire que vous ne ménagerez point vos efforts pour permettre à nous togolais de vivre enfin libre dans notre pays.
Veuillez agréer, Monsieur le Secrétaire général, mes salutations distinguées.
Francis Pedro AMUZUN
(Lettre déposée au siège de l’ONU ce 26 octobre 2023)