ANANI GALLEY, directeur de publication du journal “La lettre agricole” au Togo appelle au renforcement de la collaboration entre les médias agricoles du sud. Il décrit comment son média arrive à informer le monde agricole dans son pays.
La réponse à un constat…
Au Togo, l’information agricole se fraye un chemin dans l’actualité politique et sportive dominante. La plupart des journaux sont généralistes avec des colonnes dédiées les plus souvent au fait politique. Comme tel, “La lettre agricole” fait du mieux qu’il peut pour fournir l’information aux acteurs agricoles et à la population. Cela passe par nos canaux de distribution que sont les kiosques, la vente PDF de nos numéros et la revue de presse de certaines radios de la place. Il faut avouer qu’ils sont saturés par les journaux généralistes mais c’est un travail qui se fait timidement à cause de l’univers médiatique peu perméable aux journaux spécialisés. Et surtout aux limites des journaux de couvrir tout le territoire. La plupart se limite dans la capitale. Mais quant à nous qui avons des lecteurs à l’intérieur du pays, nous parvenons par la vente des PDF et des bonnes volontés qui acceptent de distribuer nos publications dans les milieux agricoles éloignés de la capitale.
Une atmosphère de méfiance…
Dans le contexte togolais, notre éditoriale qui est celle d’analyser, de mener des investigations sur les choix agricoles des décideurs politiques, nous prive d’avoir l’accès à l’information. Une atmosphère de méfiance règne à notre égard. Autrement, les acteurs agricoles et les paysans baignent dans un paradoxe. Au même moment qu’ils se plaignent de leurs situations, les acteurs agricoles refusent de parler malgré nos assurances. Malgré une loi sur l’accès à l’information, c’est la croix et la bannière pour produire un article bien fouillé. Nous sommes arrivés à cette conclusion qu’au Togo, les acteurs agricoles et les paysans ont peur des représailles car tous les groupements, les coopératives sont d’une manière ou d’une autre contrôlées. Alors qu’on ne peut pas se développer sans la critique objective. La science, c’est le développement. Et qui dit développement, dit remise en cause permanente. Il faut dans le domaine agricole attirer l’attention des gouvernants sur leurs politiques agricoles, servir l’information fiable et de qualité aux acteurs concernés mais la réalité à un certain mutisme. Mais loin de nous décevoir, nous continuons la mission que nous nous sommes assignés.
L’urgence d’une collaboration entre journalistes agricoles
Le grand défi serait que les journalistes agricoles collaborent entre eux. Qu’ils se partagent les informations et les opportunités. La vérité est que les journalistes agricoles africains ne collaborent pas entre eux. Alors qu’un nouveau genre se développe de plus en plus. Il s’agit du journalisme collaboratif. Les grands reportages sont souvent les fruits de collaboration entre journalistes. Les journalistes agricoles africains n’aiment pas partager et préfèrent évoluer en vase clos à l’exception de quelques-uns. Ce qui fait qu’on n’arrive pas à parler d’une seule et unique voix. En conséquence, nous ne rentrons pas encore dans les agendas des grands décideurs malgré leurs discours portés vers l’agriculture. Et les journaux généralistes continueront de nous damer le pion. Si nous sommes unis et constitué en réseaux nous pourrions constituer une force pour faire entendre nos plaidoyers et par ricochet parvenir à donner à une place privilégiée à notre mission qui est celle de relayer l’information agricole.
Il faut de la volonté politique
Ces dernières années, l’agriculture occupe les débats dans les grandes instances internationales ou nationales. Mais la réalité sur le terrain est autre chose. Il faut accompagner la presse agricole à travers la formation des journalistes qui se sont spécialisés, le financement des entreprises de presse agricole par des projets ou subventions, la défiscalisation de certains coûts de productions.
Source: Revue_ Les défis de l’Information agricole en Afrique