Nouvelles dispositions de lutte contre le harcèlement en milieu professionnel Quid du harcèlement permanent du pouvoir ?

   Fini l’acceptation de la discrimination, le harcèlement sexuel ou moral, la violence et l’intimidation en milieu de travail au Togo. En témoigne l’arrêté pris le 2 février 2024 par Gilbert Bawara, ministre de la Fonction publique, du travail et du dialogue social.

Seront poursuivies des personnes convaincues de discrimination, d’exclusion ou préférence fondée sur le sexe, la couleur, la religion, l’appartenance à une ethnie, une race, l’opinion politique ou philosophique ou bien d’autres. « Toute personne victime de discrimination, de harcèlement sexuel ou moral, de violence ou d’intimidation en milieu professionnel et sur le lieu de travail peut quitter son poste de travail sans préavis et sans avoir de ce fait à payer une indemnité de rupture de contrat « peut-on lire dans ledit arrêté en son article 6.

L’article 7 précise : « Toute dénonciation ou plainte abusive peut donner lieu au versement de dommages – intérêts dont le montant ne peut excéder trois (3) mois de salaire brut «. Cet arrêté vient à point nommé dans un pays où les comportements inopportuns et offensants visant à rabaisser ou intimider les employés dans leur milieu de travail sont légion. Il aura le mérite de prévenir ce fléau dont les conséquences sont aussi graves qu’irréversibles : nervosité, irritabilité, anxiété, troubles du sommeil, brûlures d’estomac, hypertension artérielle, douleurs musculaires, hypervigilance ou hyperactivité, fatigue, consommation d’alcool ou de psychotropes (médicaments ou drogues)…

Une situation de harcèlement moral peut provoquer dans un premier temps des symptômes de stress, mais lorsqu’elle perdure sans aucun soutien ou prise en compte, ces symptômes peuvent se transformer au bout de quelques mois en troubles psychiques ou somatiques avérés. Les employeurs sont quant à eux tenus de
garantir un environnement de travail sûr et respectueux à tous les employés, tout en prenant les mesures nécessaires pour prévenir toute forme de discrimination, harcèlement sexuel ou moral, violence ou intimidation. Cela ne se fera pas sans la sensibilisation et la formation des travailleurs sur ces questions.Vivement donc que cet arrêté soit appliqué comme il se devrait.

Les médecins sont catégoriques sur le sujet. L’arrêté en soi et son application seront pour le moins salvateur pour bien des employés togolais. Mais n’est-ce pas éclipser une partie considérable de ce qu’est le harcèlement que de se cantonner seulement au monde professionnel ? L’État togolais, roi incontesté du harcèlement sous toutes ses formes, n’a jamais su se remettre en cause pour rendre ses lettres de noblesse à la liberté d’expression et au vivre-ensemble, valeurs de tout temps relégués au dernier rang par le clan des Gnassingbé.

Les violences d’État à travers les répressions tous azimuts, les taxes à tout-va, les impôts, qui pourra y mettre un terme ? Qui sanctionnera pour les préjudices psychologiques causés à chaque implantation ubuesque de poste de péage ? Les Togolais sont les meilleures victimes du régime de Faure Gnassingbé passé expert maître dans le népotisme et le favoritisme, autres causes de chômage de bien des jeunes bien diplômés, mais pas fichus de trouver quelque boulot que ce soit.

Voir le système combattre le harcèlement alors qu’il est lui-même grand champion dans cette discipline ne peut que prêter à sourire. C’est un peu le camembert qui dirait au roquefort qu’il pue.

Sodoli KOUDOAGBO

Source : Lecorrecteur

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