«Ceux qui ont les preuves qu´il y a eu des fraudes, doivent saisir le moment venu les instances compétentes à connaître du contentieux électoral…Je pense que le résultat qui est entrain d´être vu pour le parti UNIR est dû au fruit d´un travail d´une occupation du terrain, et certainement que les populations ont été charmées par les actions qui ont été faites depuis longtemps.» (Pascal Bodjona sur RFI).
C´est d´abord une torture morale que de prendre son temps et surtout son courage à deux mains, pour ne pas tomber en syncope de colère, pour écouter de telles balivernes qui ne peuvent que provenir d´un personnage faisant partie du clan de Togolais, ayant juré la perte de leur pays, pour la jouissance d´un pouvoir assis sur le sang de leurs compatriotes. Pour les Togolais qui ne le savent plus, Pascal Bodjona est ce ministre de l´administration territoriale de Faure Gnassingbé arrêté en septembre 2012 dans une sombre affaire d´escroquerie. En effet, tout d´abord cité comme témoin dans cette affaire d´escroquerie portant sur un montant de 48 millions de dollars, opposant un homme d´affaires togolais à Abass al-Youssef, également un homme d´affaires originaire des Émirats arabes unis, l´ex-activiste pro-Éyadéma du HACAME au début des années ´90 devait répondre d´une plainte pour complicité d´escroquerie. Il subira les affres de la détention à la gendarmerie d´abord, puis à la prison civile de Tsévié. Libéré le 6 février 2016, après dix-huit (18) mois de privation de liberté, Pascal Bodjona connaîtra la traversée du désert. Il n´y a pas longtemps l´ancien «ministre grand format» a repris du service à la surprise générale dans le cercle de décision du parti UNIR. En effet, il fut nommé, le 29 décembre 2023 par Faure Gnassingbé, conseiller spécial à la présidence, chargé des affaires politiques.
Écarté et humilié par Faure Gnassingbé qui l´avait sans doute soupçonné d´avoir des ambitions politiques qui menaceraient son pouvoir, certains de l´opposition lui ayant fait, en vain, des clins d´oeil, Pascal Bodjona aura compris et appris la leçon: au Togo c´est la loi de la jungle qui règne; c´est la raison du plus fort qui procure le pouvoir politique. Et pour le moment, aussi longtemps que les Togolais n´arriveront pas à s´en débarrasser, c´est UNIR qui a la force, l´armée tribale étant à sa disposition. Et c´est tout naturellement que Pascal Bodjona a décidé de retourner à ses anciens amours, dans un parti politique où on s´enrichit rapidement avec l´argent de tous les Togolais en toute impunité, maintenant les adversaires politiques en détention ou en exil, s´ils ne sont pas tout simplement assassinés. Voilà la petite histoire qui décrit l´homme Bodjona qui nous a prouvé par son retour, comme s´il en était encore besoin, qu´on ne se brouille pas avec un dictateur comme Faure Gnassingbé et rester paisiblement dans le pays. Ou on va en exil, ou on ravale son crachat et on retourne la queue entre les pattes à UNIR. C´est ce que Pascal Bodjona a fait. Et pour regagner la confiance du maître des lieux, pour se racheter, il faut montrer du zèle, quitte à débiter des sornettes auxquelles lui-même ne croit pas. Monsieur Bodjona demande à l´opposition, qui dénonce déjà de nombreux bourrages d´urnes à travers tout le pays, le jour des fameuses élections législatives et régionales, de saisir les instances compétentes en la matière, le moment venu, si elle avait vraiment des preuves qu´il y a eu fraudes. Grâce aux réseaux sociaux, c´était pratiquement en direct que les Togolais ont suivi ébahis les nombreuses fraudes constituées, entre autres, de bourrages d´urnes, opérées par les membres ou sympathisants du parti au pouvoir, UNIR. À Kara, une personnalité, pas des moindres, un enseignant et même proviseur de son lycée, fut pris littéralement les mains dans le sac. Ironie du sort, un autre proviseur qui a dénoncé sur une chaîne de télévision étrangère le délabrement de son établissement délaissé par les pouvoirs publics, fut déchargé de ses responsabilités par un arrêté ministériel, vendredi 3 mai 2024, alors qu´il n´avait fait qu´user de son droit à la liberté d´expression. Qu´en sera-t-il de notre proviseur de Kara qui a commis un délit auquel devrait s´intéresser la justice, si nous n´étions pas au Togo?
Revenant aux fameuses élections législatives et regionales, Pascal Bodjona devrait savoir que les institutions comme la CENI ou la justice, auxquelles il «conseille» aux leaders de l´opposition de s´adresser, sont très loin d´être indépendantes. La CENI, la justice ou encore la cour constitutionnelle, c´est même pipe, même tabac. Toutes ces instances sont aux bottes de Faure Gnassingbé et ne travaillent que pour son maintien au pouvoir. Au Togo, nous sommes encore très éloignés de la qualité, de la probité, de l´indépendance et de la dignité d´un conseil constitutionnel sénégalais. Inutile de répéter que le régime togolais est un régime de dictature dont les institutions sont caporalisées. Surtout celles chargées des élections, quelles qu´elles soient, le sont encore plus et sont en permanence surveillées par le pouvoir autour de Faure Gnassingbé, comme du lait sur le feu, pour que l´opposition ne puisse jamais gagner. C´est de ces pressions tous azimuts, pour que le parti UNIR gagne coûte que coûte, malgré son impopularité, malgré son rejet par les populations, que des personnalités se ridiculisent pour tricher au vu et au su de tout le monde. C´est de là que viennent surtout ces incohérences lues à la télévision nationale, où sur 21 000 votants, UNIR aurait remporté 25 000 voix. Que c´est scandaleux, c´est honteux pour des dirigeants d´un pays qui, pour le pouvoir à tout prix, ne connaissent plus la honte, la dignité et surtout le respect des autres citoyens. Voilà, Monsieur le grand conseiller, chargé des affaires politiques, nous savons que vous dites tout juste le contraire de ce que vous pensez et savez en votre for intérieur sur la situation du Togo; et c´est très triste qu´une personnalité de votre trempe ne puisse pas se respecter, respecter ses compatriotes, et surtout sa conscience. UNIR, comme le RPT, depuis Éyadéma, n´a jamais gagné et ne gagnera jamais aucune élection au Togo. C´est la raison pour laquelle Faure Gnassingbé cherche à se soustraire du verdict du suffrage universel par la ridicule et impopulaire modification constitutionnelle.
Monsieur Bodjona prétend également que si son parti UNIR a ces «résultats», ce serait dû à une prétendue occupation du terrain, et que les populations auraient été impressionnées par des actions menées depuis longtemps. Tout d´abord les résultats dont il parle sont le fruit de fraudes massives, parce que justement UNIR ne peut pas gagner sans tricher. Quelles sont les actions qui auraient charmé les populations? La distribution des sacs de riz et de farine qui est une insulte aux citoyens affamés, à cause de la mauvaise gouvernance du régime Gnassingbé? Les routes défoncées et impraticables, les infrastructures délabrées un peu partout dans le pays? Nous avons mené des enquêtes à Lomé et dans certains secteurs du Togo; et il nous est revenu que de nombreuses listes furent dressées dans des quartiers, et on promettait aux inscrits sur les listes des sommes d´argent, s´ils pouvaient prouver qu´ils ont voté pour UNIR. Un parti politique qui a à sa disposition tous les moyens de l´état, et qui se dit populaire, capable de charmer les électeurs par des actions sur le terrain, a-t-il besoin d´acheter le vote des citoyens par de l´argent? Ça s´appelle achat de consciences, et si on a de l´honneur on ne s´en réjouit pas. Les responsables, membres et sympathisants d´UNIR sont les premiers à savoir que le régime dont ils se réclament, est contesté et vomi depuis plusieurs décennies par les populations togolaises, du nord au sud, de l´est à l´ouest, et ce par toutes les ethnies confondues.
Ce qui se passe au Togo de la part du régime au pouvoir est vraiment méchant et criminel. D´un côté on déploie la force policière et même militaire pour empêcher les partis de l´opposition de mener leurs activités politiques, de l´autre côté UNIR déploie les colossaux moyens de l´état, introduit cette fameuse réforme constitutionnelle en pleine campagne électorale pour destabiliser l´opposition, la date des élections est d´abord reportée pour être de nouveau fixée. Le scrutin est organisé avec des fraudes éhontées, comme les bourrages d´urnes, retransmis presqu´en direct sur les réseaux sociaux, l´achat des consciences, l´intimidation par les représentants d´UNIR des délégués de l´opposition dans les bureaux de vote. etc, etc. Aujourd´hui les responsables du parti UNIR, proches de Faure Gnassingbé, comme Pascal Bodjona, se vantent d´être le parti majoritaire au Togo. Peuvent-ils vraiment se regarder dans le miroir et faire de telles déclarations? Un régime contesté depuis Éyadéma Gnassingbé, depuis le début des années 1990, un régime qui l´est encore plus sous Faure Gnassingbé, vomi par le peuple, peut-il, comme par miracle, redevenir le parti majoritaire? C´est honteux et indigne de célébrer une hypothétique victoire qui n´est que le résultat des bourrages d´urnes, de l´achat massif des consciences et des fraudes de toutes sortes à travers tout le pays.
Les «résultats» issus de cette mascarade d´élections en notre possession n´indiquent ni plus ni moins qu´une chose: l´inexistence d´une opposition au Togo. 108 députés d´UNIR et seulement 5 représentants de quatre partis de l´opposition au futur parlement togolais. Faut-il en rire ou en pleurer? Indépendamment du fait que l´opposition ait sa part de responsabilité dans la salade togolaise, par ses divisions et donc son incapacité à parler d´une voix pour dégager une stratégie commune afin de venir à bout du régime de dictature plus que cinquantenaire, Faure Gnassingbé et son entourage se trompent d´époque en manquant de respect pour leurs compatriotes. Au Bénin d´à côté Patrice Talon partira en 2026 à la fin de son second mandat. Il a promis de ne toucher à aucune virgule de la constitution de son pays pour s´éterniser au pouvoir. Au Sénégal la démocratie est en marche, en Côte d´Ivoire Alassani Ouattara a décidé d´une amnistie, l´ennemi juré, Guillame Soro est de retour et la reconciliation est en marche, bien que ce pays ait connu la guerre civile. Dans le Sahel, le Mali, le Niger et le Burkina-Faso se sont débarrassés de leurs potentats et sont entrain de chercher leurs voies. Pour combien de temps encore le Togo restera-t-il cet îlot de dictature et de terreur? Les cinq (5) députés de l´opposition iront-ils siéger dans un parlement anti-démocratique pour se ridiculiser, ou l´opposition togolaise a-t-elle enfin appris la leçon?
Wait and see!!!
Samari Tchadjobo
Allemagne
J’AI HONTE D’ETRE TOGOLAIS. QUELLE IGNOMINIE. RIEN N’EST ETERNEL SUR TERRE.