Le journaliste Carlos KETOHOU, dans un post sur sa page Facebook, partage une réflexion sur les différences de gestion du patrimoine historique entre l’Allemagne et le Togo. Lors de son visite à Trêves, en Allemagne, il a exploré la Maison de Karl Marx et la cathédrale Saint-Pierre, des lieux qui préservent minutieusement leur héritage historique. En contraste, il souligne que le Togo, malgré des figures historiques importantes comme Sylvanus Olympio, manque de musées ou monuments pour honorer ces personnalités.
Un dimanche inspiré de la Vè République
J’ai passé le dimanche dernier à faire un petit tourisme à Trêves, (Trier) ville historique allemande a une heure de Luxembourg.
Je me permets de partager une petite anecdote de voyage avec vous.
Au cours de cette escapade arrosée de bière, j’ai eu l’immense privilège de visiter la Karl Marx Haus, ce musée dédié à l’un des penseurs les plus influents de l’histoire moderne.
La Maison de Karl Marx est un lieu original, précieusement conservé, où chaque angle respire l’histoire, chaque objet rappelle des souvenirs de nos lecons d’histoire et de philosophie.
Une attention minutieuse à la conservation du patrimoine du peuple germanique! J’ai également visité la grande cathédrale Saint Pierre de la ville construite au XIe siècle mais intacte comme si elle datait d’hier avec sa richesse.
Maintenant, faisons un saut comparatif, un bond de quelques milliers de kilomètres pour atterrir sous le ciel bleu Unir du Togo.
Au Togo, le patrimoine historique semble être une curiosité exotique plutôt qu’une priorité nationale.
Là-bas, le nom de Sylvanus Olympio résonne non pas dans les musées, mais dans les esprits, comme une légende presque oubliée.
Le premier président du Togo, sauvagement assassiné, dans la complicité des hommes toujours au pouvoir n’a pas droit à une mémoire.
Les traces de sa vie ont disparu.
Il ne reste de lui et de son domicile que des ruines qui se battent bravement contre l’oubli, mais qui finissent par être englouties dans les méandres du temps.
Au Togo, point de musée de renom, point de monument digne de ce nom pour honorer l’héritage de cet homme et d’autres braves heros. Vous ne trouverez pas un Karl Marx Haus togolais pour Olympio.
Non, non, non. Pourquoi se soucier de l’histoire quand il y a des priorités bien plus chères? Après tout, il y a ce fameux fauteuil présidentiel de la Ve République.
Le véritable trésor national, qui doit être gardé avec beacoup de soin, transmis de génération en génération comme un patrimoine sacré.
Même pour son propre Champion de Lutte, le pouvoir n’est pas arrivé à réussir un projet de Musée.
Le musée Gnassingbé Eyadema initié après la mort du Général est classé dans l’oubli, le promoteur, l’un de ses fils jeté en prison depuis 15 ans et son contenu est rempli des ossements des gibiers de chasses comme si Eyadema avait été un célèbre Chasseur. De pouvoir peut-être.
Et pendant ce moment certains construisent des musées, en rappatriant les tresors historiques, érigent de géantes statues et préservent les mémoires dans les pays voisins.
Au Togo cest le fauteuil, c’est le fauteuil qui est gardé à chaud contre vents et marées, comme si toute l’histoire d’un pays pouvait se résumer à un simple siège en cuir.
En attendant, nous pouvons toujours rêver d’un Togo où l’histoire se préserve autrement que dans les souvenirs fanés et où le passé se raconte autrement que par les ruines.
Mais bon, chaque pays a ses priorités, n’est-ce pas?
Bon vent à la Vè République.
Carlos KETOHOU.