Les relations diplomatiques du Bénin avec ses voisins de la sous-région suscitent de plus en plus d’inquiétudes. Après les tensions avec le Nigéria, le Niger et le Burkina Faso, c’est désormais le Togo qui exprime son mécontentement à l’égard du Bénin, autrefois réputé pour son attachement aux relations de bon voisinage.
La dernière affaire en date concerne l’enlèvement de Steve Amoussou sur le territoire togolais, un incident qui a provoqué de vives réactions. Alors que certains supposaient une éventuelle complicité des autorités togolaises, la réaction du Procureur de Lomé a montré une autre facette. Le Togo, se distançant fermement de cet acte, a annoncé des poursuites judiciaires contre les ravisseurs identifiés ainsi que leurs complices déjà appréhendés. Cet incident vient ajouter une nouvelle tension à des relations déjà fragiles entre les deux pays.
L’acte de kidnapper une personne en territoire togolais, en pleine nuit et en violation flagrante des règles internationales, relève d’une situation de non-droit. La justice togolaise déplore des « faits commis sur le territoire togolais, en violation flagrante du droit international et des règles en matière de coopération pénale internationale, s’analysent en l’incrimination d’enlèvement ou séquestration au sens des articles 283 et 284 du nouveau code pénal ». Une fois de plus, le Bénin se retrouve pointé du doigt à l’étranger pour des raisons peu honorables. Cette politique d’isolement du Bénin sur la scène sous-régionale commence à inquiéter de nombreux observateurs.
Relations avec les autres voisins
En 2019, la fermeture des frontières nigérianes avec le Bénin a révélé les premières fissures dans les relations entre ces deux pays. Ce qui était autrefois une relation cordiale s’est transformé en une période de tensions prolongées. L’arrivée au pouvoir du Président Tinubu a finalement permis de renouer les liens, mais le souvenir de cette crise reste présent.
Au Niger, la relation avec le Bénin s’est également détériorée, notamment après les sanctions imposées par la CEDEAO suite au coup d’État. Le Bénin, l’un des premiers pays à condamner le putsch, a rapidement été perçu comme un adversaire. Malgré les efforts de médiation menés par d’anciens présidents béninois, les frontières nigériennes restent fermées.
Il est légitime de se demander si le Bénin est le seul pays de la CEDEAO à avoir soutenu les sanctions économiques contre le Niger, d’autant plus que le Port de Lomé, au Togo, sert désormais de point d’accès principal au Niger, au détriment du Port de Cotonou. Pourtant, le Togo, également membre de la CEDEAO, n’a pas semblé subir la même rupture de relations avec le Niger que le Bénin.
Au Burkina Faso, les invectives du chef de la junte militaire au pouvoir laissent entrevoir une nouvelle fois l’isolement croissant du Bénin dans la sous-région.
Si le nouveau Président du Sénégal a accueilli l’émissaire du Chef de l’État béninois, il reste à espérer que les relations avec ce pays se renforceront. Toutefois, le Sénégal cherche à renforcer ses liens avec le Mali, un pays membre de l’Alliance des États du Sahel avec le Niger et le Burkina Faso. Dans ce contexte, de nombreux Béninois s’inquiètent de voir leur pays de plus en plus isolé diplomatiquement. L’hostilité du Togo à l’égard du Bénin ne fait qu’amplifier ces préoccupations.