REFUS DES MODÈLES ANCIENS D’ASSERVISSEMENT POUR UNE RÉVOLUTION DE L’IMAGINAIRE EN AFRIQUE
L’Afrique se meurt de tomber dans les pièges que le capitalisme, à travers son néolibéralisme et son néocolonialisme, lui tend. Bien encadrés et ligotés par la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International, les États africains, sans projets de développement et donc de libération, ne cessent de s’en remettre à ceux qui les pillent et les oppriment par l’économie et donc la politique.
À travers ces deux instruments du capitalisme qui font de l’être humain un objet et une marchandise, nos dirigeants volontairement asservis et adoubés par l’impérialisme occidental, se sont toujours comportés comme des élèves appliqués de modèles imposés qui méprisent l’humain au profit du capital et de la consommation.
À force d’être interminables, les transitions sociétales africaines qui s’éternisent depuis les années 1940 de la décolonisation jusqu’aujourd’hui, finissent par faire du surplace et avortent les promesses de l’avenir.
Dictatures des “pères de l’indépendance” avec les partis uniques iniques, régimes militaires, accouchement difficile des démocratisations, retour des coups d’État militaires – le tout sur fond de fascisme – n’ont apporté aux pays africains que la faillite, une dépendance accrue et la misère.
L’échec des despotes fascistes n’est plus à démontrer. Civils et militaires ont vendu l’Afrique aux puissances occidentales et aux conglomérats capitalistes.
Le constat qui s’impose à l’analyste, c’est le fait que ces modèles de la dépendance et de l’échec sont les fruits d’un imaginaire de l’aliénation, complexe qui consiste pour le dominé à se comporter comme le voudrait le dominant. D’où la nécessité d’une révolution de l’imaginaire affranchi des liens néocoloniaux. Cet imaginaire forgé par la colonisation pense que le Blanc a toujours raison avec son grigris qu’est la science. Les apparences plaident en faveur du Blanc avec sa société moderne perçue comme le modèle indépassable par les élites africaines aveuglées par l’éclat de lumière du “développement” à l’occidentale.
À force de poursuivre ce modèle sans jamais le rattraper, les Africains se créent une culture de l’échec, car le modèle proposé est lui-même malade et grippé. Ils se donnent l’illusion de progresser en courant sur le pont d’un bateau ! Les penseurs progressistes des pays occidentaux sont en train de réfléchir à la meilleure manière de rompre avec les paradigmes surranés qui aliènent de plus en plus les sociétés capitalistes occidentales à travers le chômage, la chosification, le racisme et le consumérisme forcené.
En Afrique, que nous propose-t-on ? Le Togo est l’exemple typique de la supercherie politique. Pour toute liberté, l’individu togolais n’a que la liberté de consommer, s’il en a les moyens, la liberté de la servitude volontaire et la liberté, périodiquement, de se comporter en citoyen en obéissant à l’ordre d’aller voter à des élections truquées d’avance. La règle qui prévaut est de toujours faire semblant. Au Togo, on ne change pas une équipe qui perd.
La révolution de l’imaginaire ne peut se faire sans la création qui est une manière de résistance. L’utopie est aussi une façon de dépasser les limites de l’imaginaire. Imaginons, testons d’autres paradigmes. Bousculons les structures, les programmes et la philosophie de l’univerté africaine qui n’est qu’une pâle copie des universités occidentales, destinée à fabriquer des enseignants et des étudiants africains sous-développés pour former et entretenir un imaginaire collectif de la culture de l’échec et de la servitude volontaire. Les États asiatiques sont passés par là.
Cet imaginaire collectif révolutionnaire est totalement incompatible avec la gouvernance politique africaine actuelle qui est une médiocratie. Un auteur français a écrit: “Les ratés ne vous rateront pas”. L’Afrique est en train de faire l’amère expérience de cette prédiction de malheur. C’est pourquoi nous devons imaginer un autre type de gouvernance qui libère et non aliène.
Ayayi Togoata APÉDO-AMAH