Né le 7 août 1960 à Sokodé, au cœur du Togo, Ayeva Médjeva est une figure marquante de la scène artistique ouest-africaine. Formé à l’École des Beaux-Arts d’Abidjan sous la tutelle de Samir Zarour, Médjeva a su, dès ses premières créations, poser un regard unique sur le monde, oscillant entre le réel et l’irréel. Il a obtenu son Diplôme National des Beaux-Arts en 1988, puis son Diplôme Supérieur des Beaux-Arts en 1990, marquant ainsi le début d’une carrière prometteuse.
Un style en quête d’identité
Les débuts d’Ayeva Médjeva dans le monde de l’art sont marqués par une exploration des formes et des couleurs. Influencé par son environnement de formation à Abidjan, il commence par dévoiler le réel sous un spectre irréel, jouant avec les formes et les perspectives pour brouiller les frontières entre ce qui est perçu et ce qui est imaginé. Cependant, au fur et à mesure que sa carrière évolue, ses créations deviennent de plus en plus personnelles. L’artiste laisse émerger ses propres pulsions artistiques, avec des œuvres qui témoignent d’une observation plus aiguë du monde qui l’entoure, en particulier des souffrances et des difficultés vécues sur le continent africain.
Le peintre des maux africains
À travers ses toiles, Médjeva dépeint les heurts et les malheurs qui rythment la vie quotidienne en Afrique. Il aborde des thèmes liés aux conflits, à la pauvreté, mais aussi à l’espoir et à la résilience des peuples africains. Ses œuvres sont empreintes de symbolisme : il y insère des codes visuels et des symboles cachés, tels des messages secrets, invitant le spectateur à une interprétation plus profonde. Ce mystère volontairement instauré donne à ses peintures une aura énigmatique, captivant l’attention tout en interrogeant la conscience collective.
Une reconnaissance nationale et internationale
Le talent d’Ayeva Médjeva ne tarde pas à être reconnu au-delà des frontières du Togo. L’artiste participe à de nombreux workshops, enrichissant ainsi son approche et son langage visuel. Son travail a été exposé dans plusieurs galeries et événements prestigieux, notamment au Dak’Art-OFF, la biennale d’art contemporain africain à Dakar, lors de l’ARESUV 2 à Abuja (Nigéria), ainsi qu’à Art Expo Nigeria. Il a également présenté ses œuvres à l’international, à des événements comme la conférence sur les mutilations génitales féminines (GMF) à Genève en Suisse, ou encore à Port-Fréjus et au Clos des Roses en France. Médjeva a remporté plusieurs prix au cours de sa carrière, affirmant son rôle d’ambassadeur de l’art africain contemporain. Son engagement artistique dépasse le simple cadre de la création : il est aussi un mentor pour les jeunes artistes, avec qui il partage sa passion lors de divers ateliers créatifs à travers l’Afrique de l’Ouest.
Un art intemporel et engagé
À travers ses œuvres, Ayeva Médjeva propose une réflexion complexe et puissante sur l’histoire et la condition humaine. Ses toiles sont autant de fenêtres ouvertes sur les réalités africaines, mais aussi sur des dimensions plus profondes et universelles de la vie humaine. En insérant des éléments cachés dans ses créations, il incite à une lecture attentive et introspective, conférant ainsi à son travail une intemporalité qui dépasse le simple cadre de l’esthétique.
Aujourd’hui, Ayeva Médjeva continue d’inspirer et de provoquer la réflexion avec ses œuvres, tout en restant fidèle à son engagement envers l’Afrique et les luttes de ses habitants. Son art, empreint de mystère, est une invitation à une exploration plus profonde des réalités sociales, politiques et culturelles de notre époque.
Par Richard Laté Lawson-Body