Au Togo, la principale route qui relie le sud au nord du pays est arrivée à un niveau de saturation maximal tel qu’il est devenu indispensable de l’adapter aux nouvelles exigences du trafic routier en perpétuelle croissance.
Annoncé dans les tuyaux depuis 2005 , le projet de dédoublement de la nationale N°1 reste à l’étape de la conception. Pendant ce temps, les accidents tragiques dus principalement à l’étroitesse de la route se multiplient. La dernière en date à la veille de la rentrée a encore suscité beaucoup d’émois et de questions.
L’information a commencé à circuler au petit matin du 16 septembre 2024. Elle a été rapidement confirmée par des images effroyables. La Nationale N°1 connait un nouvel accident dramatique. Un bus de la société Solim en route vers Lomé transportant près d’une quarantaine de personnes est entré en collision avec une semi-remorque.
15 morts en l’espace de trois mois
Aux dernières nouvelles, cet accident particulièrement violent a fait six morts et plus de vingtaine de personnes sont grièvement blessées, dont deux envoyées en soins intensifs. « Le minibus de la société de transport Solim avait été affrété pour le transport des passagers pendant la période chargée de la rentrée scolaire. L’absence de triangle de pré-signalisation sur la semi-remorque, qui d’ailleurs obstruait partiellement la route, a été identifiée comme un facteur clé du tragique accident », explique le confrère en ligne Togo-Plus.
Cet accident rappelle celui qui s’est produit sur la même route il y a quelques semaines. En effet, le 14 juin 2024, deux véhicules (un camion de transport de marchandises et une camionnette de type minibus de 15 places avec 22 passagers à son bord) sont entrés en collision à l’entrée sud de la ville d’Atakpamé. Le bilan était encore plus lourd. 9 morts dont 4 sur les lieux et 5 après leur évacuation au CHR d’Atakpamé, 14 blessés dont 11 dans un état grave, parmi lesquels 3 mineurs ont été recensés.
En l’espace de trois mois, rien que sur la Nationale 1, on déplore au minimum 15 morts. Chaque année, cette route est devenue une hécatombe. Des dizaines de Togolais y laissent dans des conditions révoltantes leur vie. Et à chaque fois, l’étroitesse de la voie est pointée du doigt.
A quand le dédoublement de cette route?
Et pour cause.Sur cette route bidirectionnelle, ne comble plus les besoins des usagers. Les spécialistes sont unanimes. Hors agglomération, les routes à double sens de circulation possèdent un taux important d’accidents mortels. Les conducteurs doivent se montrer vigilants et adopter un comportement sûr afin d’assurer leur sécurité et celle des autres usagers de la route.
En effet, rouler sur une route à double sens nécessite donc une vigilance particulière. Une vigilance de tous les instants que certains perdent en quelques secondes provoquant des accidents dramatiques. C’est pourquoi des voix s’élèvent depuis des années pour exiger le dédoublement de cette voie empruntée aussi bien par les gros porteurs que les autres. Ce qui expliquent la gravité des accidents recensés sur la Nationale1.
En plus de préserver des vies humaines avec la fluidité de la circulation, le dédoublement de cette route stratégique présente de forts enjeux socio-économiques.Il contribuera sans nul doute à un renforcement de la dynamisation de l’économie nationale à travers notamment l’essor touristique des régions du nord et la circulation des biens. Ainsi, le dédoublement de cette route va dans l’intérêt des populations et des opérateurs économiques, qui ont besoin plus que jamais d’un réseau routier moderne, performant et répondant aux besoins en constante évolution, vu la position géographique privilégiée de la Nationale N°1.
Inertie du gouvernement
Malgré tous ces avantages, le dédoublement n’est pas encore une réalité. Pourtant, pour sa première campagne électorale de 2005, ce projet figure en bonne place dans le programme de Faure Gnassingbé.Bien de projets budgétisés ont été présentés, mais rien de concret. Dans l’axe 1 de ce qui a été vendu aux Togolais comme un Programme National de Développement(PND), le dédoublement de la Nationale 1 était le projet phare à réaliser. En 2021, un accord entre le gouvernement togolais et ARISE Infrastructure Services. Dans les détails, l’accord de développement conjoint prévoit la concession à partir de la signature du contrat de concession (prévue pour le troisième trimestre 2021), la construction de 2×2 voies dans les 3 ans suivant la signature, les coûts totaux du projet à estimer lors des études préliminaires et à être pris en charge par les actionnaires de la société de projet.
« Cette signature est une étape cruciale dans la construction de cette route. Le Togo est engagé dans un processus de développement intensif des infrastructures et nous nous félicitons pour ce partenariat public-privé qui profite au peuple togolais », avait déclaré après la signature de l’accord Sani Yaya, actuel ministre des Travaux Publics à l’époque en charge de l’Economie et des Finances.
Trois ans après, rien. Et pourtant, des dizaines d’usagers perdent la vie chaque année sur cette voie. L’inertie du gouvernement sur ce projet de dédoublement est symbolique, illustrant la procrastination coupable des tenants du régime sur les problèmes des Togolais qui se conjuguent au présent. C’est le credo du régime de Faure Gnassingbé qui renvoie toujours aux calendes grecques la résolution des problèmes des Togolais. C’est le meilleur moyen de perdurer au pouvoir quand on manque de vision. Face aux douleurs de la population, le régime de Faure Gnassingbé continue de tergiverser, confirmant sa ménopause. La seule unique priorité est la conservation vaille que vaille du pouvoir. L’argent faramineux jeté pour changer de manière ubuesque la constitution visant à s’accrocher aurait pu servir à réaliser quelques travaux dans le cadre du projet de dédoublement.
En attendant que le gouvernement se décide un jour à concrétiser le projet de dédoublement, les usagers sont appelés à faire preuve de prudence et de vigilance en évitant surtout des comportements dangereux notamment l’excès de vitesse sur la Nationale 1.
Source: Journal ‹‹ Le Correcteur ››