Les spéculations autour de l’état de santé et de la localisation de Paul Biya, président du Cameroun âgé de 91 ans, enflamment les débats à travers le continent africain cette semaine.
Après avoir assisté au sommet Chine-Afrique à Pékin début septembre, son absence remarquée à l’Assemblée générale des Nations Unies à New York n’avait pas suscité de grande surprise. Cependant, son absence au sommet de la Francophonie, tenu cette semaine à Viller-Cotterêts, au nord de Paris, a relancé la machine à rumeurs. En effet, cela fait maintenant un mois que Paul Biya n’est plus apparu en public.
Face aux interrogations grandissantes, l’ambassadeur du Cameroun en France a affirmé que le président se portait « en bonne santé » et qu’il séjournait à Genève, sa destination de prédilection lorsqu’il est à l’étranger. D’autres sources évoquent la nécessité pour le chef de l’État de se reposer sous surveillance médicale, après un agenda diplomatique particulièrement chargé en juillet et août.
Malgré ces explications, les spéculations ont continué d’alimenter les discussions dans les médias et les cercles politiques. C’est donc le ministre de la Communication, René Sadi, qui a dû intervenir en publiant un démenti officiel, précisant que le président rentrerait au Cameroun « dans les tout prochains jours » après « un bref séjour privé en Europe. » Le chef de cabinet du président, qui serait actuellement à ses côtés à Genève, a également tenu à rassurer sur son état de santé, affirmant qu’il est « en excellente forme ».
Paul Biya, le doyen des chefs d’État
Rappelons que Paul Biya est le doyen des chefs d’État africains et le second au monde en termes de longévité au pouvoir, juste après Teodoro Obiang Nguema, président de la Guinée équatoriale.
Les absences prolongées et inexpliquées de Paul Biya de la scène publique ne sont pas rares, alimentant régulièrement des rumeurs sur son éventuel décès. Ces disparitions mystérieuses sont caractéristiques de ce dirigeant, connu pour son style discret mais résolu.
Arrivé au pouvoir en 1982, après avoir écarté son prédécesseur Ahmadou Ahidjo, Biya a d’abord promis des réformes avant de consolider son contrôle sur la présidence, résistant à toutes les tentatives de contestation ou de renversement. À l’aube des années 1990, pendant que plusieurs pays africains cédaient à la pression des mouvements démocratiques, Paul Biya s’est distingué par son habileté à concéder des réformes minimales tout en conservant fermement les rênes du pouvoir.
Alors que son mandat actuel s’achève en novembre 2025, certains de ses partisans appellent déjà le président, malgré ses 91 ans, à briguer un nouveau mandat.