À la rentrée scolaire 2024-2025, le gouvernement a instauré une interdiction des téléphones portables dans les établissements scolaires, soulevant de vives critiques. L’univsersiataire prof Ayayi Togoata APÉDO-AMAHintervant sur le sujet, interpelle sur “l’absurdité” de cette censure et plaide pour une approche plus moderne et constructive.
Lire sa réaction
Cette rentrée scolaire 2024-2025 a été l’occasion pour nos chers ministres responsables de l’éducation, d’innover à leur façon en interdisant les téléphones portables dans les établissements scolaires. Cette censure vise les élèves uniquement.
Comme si en interdire l’usage en classe pendant les cours ne suffisait pas ! La censure fait même état de l’arbitraire de la confiscation définitive sans préciser à qui reviendraient les appareils confisqués. Mais là où la mesure s’affaiblit elle-même, c’est l’ouverture à des cas exceptionnels. Mais qui donc va juger de l’exceptionnalité ? Ce qui est exceptionnel pour les élèves ou leurs parents peut ne pas l’être pour le prof.
Et même profs et chefs d’établissement peuvent s’opposer sur le caractère exceptionnel. Les lois floues sont toujours des causes de conflits dès lors que leur interprétation relève de l’opportunisme et de l’humeur des uns et des autres. Elles suscitent de l’injustice et de l’arbitraire. Situation qui risque d’opposer gravement parents d’élèves et chefs d’établissement, comme si ces derniers n’avaient pas déjà suffisamment de problèmes. Les portables coûtent cher. Imaginez la frustration des parents qui veulent demeurer en liaison permanente avec leurs enfants pour telle ou telle raison ?
Mais pourquoi des ministres, en principe très occupés, ont gaspillé leur temps si précieux pour sortir un arrêté aussi rétrograde et incongru qui va à l’encontre de la modernité ? Sommes-nous encore en 1990 ? Nos ministres ignorent-ils que le téléphone portable peut être utilisé comme un instrument pédagogique ? À cette époque où parents et éducateurs se plaignent du désintérêt des élèves par rapport aux livres et donc à la lecture à cause des appareils numériques branchés à l’Internet, la réflexion doit être orientée sur la façon de ramener les jeunes à la lecture par le biais des portables. Les ebooks, les documentaires et les articles scientifiques y foisonnent. Profs et parents peuvent s’en servir pour concurrencer Tik Tok et ses conneries.
Les exposés, les compléments aux cours, la recherche de certaines connaissances en classe à l’initiative des profs, sont des facilités offertes par les portables. Leur usage permet aussi d’éviter les vidéo-projecteurs toujours en panne, inexistants ou victimes des coupures intempestives de l’électricité.
Il faut donc apprendre à nos jeunes à utiliser leurs portables de la façon la plus profitable pour eux.
Bannir, peut être une faiblesse, une facilité ou un refus de s’ouvrir à une nouvelle technologie de la modernité. Aucun objet ou artefact n’est mauvais en soi, ça dépend de l’usage que l’on en fait. Une casserole destinée à cuisiner peut servir d’arme pour défoncer un crâne.
Il est tout de même bizarre que la gouvernance du Togo se caractérise surtout par des interdictions tous azimuts qui brident les libertés alors que le régime se prétend une démocratie.
De qui se moque-t-on ?
Ayayi Togoata APÉDO-AMAH