LE CINÉMA TOGOLAIS JUSQU’AU BRÉSIL

À l’ENCONTRO DE CINEMA NEGRO ZOZIMO BULBUL BRÉSIL AFRICA CARAÍBE ET OUTRAS DIÁSPORAS, le jeune réalisateur Matthieu Abalo a pu présenter deux films, recevoir une récompense et réfléchir au cinéma africain.

La rencontre était dédiée uniquement au cinéma noir, avec des productions venues du continent, de la diaspora ou encore des afro-descendants. C’est à Rio de Janeiro, du 15 au 28 octobre dernier, que se sont donc réunis, pour la 17e édition de cette rencontre unique, des réalisateurs venus des quatre coins du monde.

Le jeune cinéaste togolais, Matthieu Abalo, a été sélectionné et invité pour présenter ses films “Zogbeto” et “Evala”. Comme toutes les productions sélectionnées, il a reçu le prix de la participation, mais il s’est distingué par un trophée spécial, attribué à une poignée de réalisateurs.

Surtout, il a pu participer à un panel en présence de grands noms du cinéma, afin de réfléchir à la mise en lumière des œuvres et des talents du continent noir et de soulever les questions cruciales pour l’industrie cinématographique africaine.

Avec des figures comme le cinéaste Cheick Oumar Sissoko, également Secrétaire Général de la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI), ou encore la réalisatrice nigérienne Rahmatou Keïta, Joël Zito, et bien d’autres, ils ont échangé sur l’avenir du cinéma africain et afro-descendant, sur les moyens de consolider sa place sur la scène mondiale, tout en assurant la juste rémunération de ses créateurs.

Cette “Encontrado” a également été l’occasion d’intégrer Matthieu Abalo à la Fédération Panafricaine du Cinéma (FEPACI), une organisation qui se bat pour défendre les droits des auteurs, des réalisateurs et cinéastes africains. Et “cette question des droits d’auteur est cruciale pour l’avenir de notre cinéma,” explique le jeune réalisateur : « Nos œuvres diffusées dans le monde entier génèrent d’importantes sommes d’argent… que nous n’arrivons pas à récupérer… Elles sont captées par les sociétés de gestion des droits des pays du Nord, mais ces fonds ne sont pas souvent versés convenablement aux auteurs africains. »

Il souligne l’urgence d’une réforme : “Avec cet argent, les auteurs de nos pays pourraient mieux vivre de leur métier. C’est le combat perpétuel pour nos droits !”

Depuis plusieurs années, la FEPACI, avec son bras opérationnel, l’APASER (Alliance Panafricaine des Scénaristes et Réalisateurs), s’efforce de mobiliser les États africains pour un soutien officiel dans cette démarche. L’APASER vise à faire pression sur les institutions du Nord afin de garantir que les droits d’auteurs des créateurs africains leur soient dûment reversés.

Au Togo, c’est le Bureau Togolais des Droits d’Auteurs (BUTODRA) qui est chargé de la gestion de ces droits. Cependant, selon les auteurs, cet organisme se concentre avant tout sur les musiciens, laissant parfois de côté les réalisateurs et autres créateurs. Ce déséquilibre met en péril la viabilité économique des cinéastes togolais, qui, malgré la valorisation de leurs œuvres, peinent à en tirer un revenu juste.

Au-delà de cette question, Matthieu Abalo plaide pour une revalorisation et même une révision de l’Histoire du cinéma togolais. “Quand on tape sur Google et même sur Wikipedia ‘cinéma togolais’, les informations sont totalement incomplètes ! Par exemple, des réalisateurs comme Abalo Blaise Kizilou ne sont même pas mentionnés sur Wikipedia. Et c’est au Brésil que je me suis vraiment rendu compte de cela. Nous devons mettre à jour l’Histoire de notre cinéma togolais, c’est important !” se désole le jeune cinéaste.

Autre point clé : la vulgarisation des films togolais pour les Togolais. “Créer un public pour le cinéma au Togo et avoir accès aux financements restent des défis complexes, mais essentiels,” confie-t-il. “Je félicite le travail des aînés tels que Joël TCHEDRE, Marcelin BOSSOU, Steven AF, Angela AQUEREBURU RABATEL et toute cette nouvelle génération de cinéastes togolais qui travaillent d’arrache-pied pour faire vivre notre 7e Art.”

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