Millennium Challenge Corporation (MCC) des États-Unis a rendu public, il y a quelques jours, la carte des scores 2025 dans le cadre du Millenium Challenge Account (MCA). Même si après plusieurs années d’attente, le Togo a été sélectionné pour le programme « Compact », cette carte mérite qu’on lui accorde encore intérêt. En effet, elle montre l’état des réformes entamées par le score. Dans ce sens, il ressort de la carte des scores de 2025 que le Togo n’a toujours pas validé l’indicateur sur les droits politiques.
Sur la carte, le Togo valide 7 des 8 indicateurs dans le domaine de la « liberté économique ». En matière de « gouverner avec justice », le pays confirme 5 indicateurs sur 6, un score inchangé par rapport aux précédentes évaluations. Sur le volet de «l’investissement dans le capital humain», 4 indicateurs sur 6 ont été validés. Parmi les nouveaux indicateurs validés, on note la protection des ressources naturelles avec un score de 52 points et le taux d’immunisation, avec 78,5 points. Par ailleurs, selon la carte des scores, quatre indicateurs sont restés au rouge.
En effet, la politique fiscale, avec un score de -6,6, demeure en dessous de la médiane attendue de -4,4. Les dépenses de santé et la santé infantile enregistrent également des scores respectifs de 0,55 et 54,9, contre des médianes de 1,11 et 60,5. Les droits politiques affichent un score de 15, inférieur au seuil minimal requis de 17. Cela fait des années que le Togo court derrière la validation de l’indicateur portant sur les droits politiques sans atteindre le minima. Résultat sans nul doute de la perception visiblement mauvaise que les Américains ont des droits politiques au Togo.
En 2019, le MCC avait décidé de ne pas valider l’indicateur « Droit politique » à cause des élections législatives jugées non conformes aux normes démocratiques. Ce qui avait poussé Stanislas Baba, en charge du projet, à hausser le ton. « Il n’est pas possible qu’une institution (ndlr : MCC) de cette importance ne sache pas que les élections législatives ont eu lieu conformément à la feuille de route de la CEDEAO et que c’est en toute liberté que l’opposition a choisi de ne pas y participer. Il n’est pas normal que le MCC ne sache pas que le Togo a organisé avec succès des élections législatives », avait-il lâché. Rien n’y fit, cet indicateur est resté dans le rouge. Les choses n’ont pas bougé d’un iota.
Dans son dernier rapport sur les droits de l’homme au Togo, le Département d’Etat américain avait clairement souligné « l’incapacité des citoyens à changer pacifiquement de gouvernement par le biais des élections libres et équitables », soulignant au passage des violations flagrantes des droits humains au Togo avec des détentions arbitraires, des tortures et autres traitements inhumains et dégradants infligés aux détenus particulièrement politiques.
Au-delà des droits politiques, les réformes orchestrées par le régime togolais pour décrocher le programme compact laissent perplexes. En effet, les réformes opérées sur le papier à travers des lois ne se font pas voir dans la réalité. Le symbole de ce constat est la réforme foncière. Malgré une nouvelle législation, l’insécurité foncière est toujours d’actualité. En complicité avec une justice qui n’existe que de nom, des individus se réclamant proches du régime accaparent des propriétés d’autrui, parfois même celles de l’Etat. Ces réformes sont loin donc d’être une volonté politique, mais des opérations orchestrées pour bénéficier de ce programme à plusieurs milliards dont il faudra utiliser une loupe pour mesurer l’impact sur les populations
Source: lecorrecteur.tg