Lors d’un sommet virtuel convoqué par le président kényan William Ruto, les chefs d’État de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) se sont réunis pour discuter de la situation sécuritaire qui se détériore dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). La prise de Goma par les rebelles du M23 cette semaine a provoqué l’intensification des violences, exacerbées par les affrontements à la frontière rwandaise, où des bombardements ont fait au moins 13 morts à Rubavu, selon les autorités locales.
La RDC absente du sommet, Kagame critique la gestion de la crise
Le président rwandais Paul Kagame a souligné l’absence du président congolais Félix Tshisekedi à ce sommet comme un obstacle majeur à la recherche d’une solution durable. “La RDC est censée faire partie de la Communauté d’Afrique de l’Est, mais son absence complique la résolution des problèmes”, a-t-il déclaré. Kagame a également critiqué le manque de leadership dans les efforts déployés jusqu’ici pour résoudre la crise, mettant en lumière l’incapacité de la communauté internationale à trouver un cadre de dialogue efficace.
Il a notamment évoqué le retrait de la Force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EACRF) en 2023, après que Tshisekedi a refusé que cette force reste neutre et l’ait empêchée de participer aux attaques contre le M23. “Tshisekedi a manipulé les autres dirigeants et a finalement fait appel à la SADC, ce qui a contribué à l’échec des initiatives précédentes”, a ajouté Kagame.
Des tensions croissantes et des accusations mutuelles
La situation dans l’est de la RDC se complexifie avec les accusations réciproques entre le Rwanda et ses voisins. Le soutien présumé du Rwanda aux rebelles du M23 a entraîné des sanctions internationales, avec l’Allemagne suspendant des négociations d’aide et la Grande-Bretagne envisageant de réduire son aide bilatérale. De son côté, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a exigé le retrait immédiat des troupes rwandaises du territoire congolais.
Alors que certains pays africains appellent à un cessez-le-feu immédiat, le Burundi soutient les forces congolaises, tandis que l’Afrique du Sud accuse ouvertement le Rwanda d’alimenter la crise. Kagame, pour sa part, rejette ces accusations, dénonçant une distorsion des faits par les dirigeants africains, notamment le président sud-africain Cyril Ramaphosa.
Le climat tendu fait craindre une nouvelle escalade. Félix Tshisekedi, quant à lui, a annoncé qu’il répondrait militairement à l’intrusion des forces rwandaises, ce qui pourrait avoir des conséquences dramatiques pour la région.