Togo – Détenus politiques : Karrou Wawim dans un état de santé critique, alerte CODITOGO

Dans un communiqué, CODITOGO alerte une énième fois sur l’état de santé très critique, très alarmant, voire désespérant de Karrou Wawim, détenu politique au Togo depuis décembre 2018, sans jugement, et actuellement en réanimation, alors que lui et ses codétenus, tous victimes de la torture, bénéficient d’une décision de libération de la Cour de Justice de la CEDEAO depuis le 30/11/2023. Lisez plutôt!

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

CODITOGO alerte une énième fois sur l’état de santé très critique, très alarmant, voire désespérant de Monsieur Karrou Wawim, détenu politique au Togo

De sources familiales et pénitentiaires, CODITOGO apprend avec une profonde indignation que, l’état de santé de Monsieur Karrou Wawim, détenu politique depuis décembre 2018, sans jugement, se dégrade de jour en jour. Les mêmes sources indiquent que Monsieur Karrou Wawim, admis depuis plusieurs mois au cabanon du CHU SYLVANUS OLYMPIO à Lomé, vomit avec des caillots de sangs, présente de sérieuses difficultés hépatiques et gastriques, en plus d’une fatigue générale. Il est actuellement en réanimation.

Plusieurs associations au Togo et dans la Diaspora ont constamment alerté les autorités togolaises sur l’état de santé de Karrou Wawim et ses codétenus qui ont tous souffert d’actes de torture au moment de leurs arrestations et dans différentes unités de garde-à-vue. En novembre 2024, l’Association des victimes de la torture au Togo (ASVITTO) et l’avocat de Monsieur Karrou Wawim ont à nouveau tiré sur la sonnette d’alarme et indiqué que son état de santé était incompatible avec le milieu carcéral et qu’il nécessitait une prise en charge adéquate, au risque de se dégrader. Ce cri n’a pas été entendu.

CODITOGO dénonce et condamne cet autisme, ce mépris et ce cynisme des autorités togolaises compétentes qui, dans leur désir effréné de conserver le pouvoir politique avec pour corollaire la mise sous éteignoir des voix dissonantes, ont complètement déshumanisé le milieu pénitencier, en lui ôtant toutes ses vertus correctionnelles et de réinsertion sociale.

CODITOGO interpelle pour une énième fois : Faure Essozimna Gnassingbé, chef de l’État, premier magistrat, responsable du bon fonctionnement des institutions de la République, Mipamb NahmTchougli, Garde des Sceaux, Ministre de la justice, Essolizam Poyodi, Procureur Général près la Cour d’appel de Lomé, Talaka Mawama, Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Lomé, Abli Poutouli, Doyen des Juges d’instruction du Tribunal de Grande Instance de Lomé.

CODITOGO les rend d’office responsables de cette situation gravissime inacceptable et de ce qui adviendra à Monsieur Karrou Wawim. Pour rappel, dans son arrêt n°ECW/CCJ/JUD/45/2023 du 30 novembre 2023 rendu dans l’affaire opposant Monsieur Adam Latif et 14 autres dont Karrou Wawim à la République togolaise, la Cour de justice de la CEDEAO, une juridiction supra-nationale, a jugé que les requérants ont été victimes d’actes de tortures, de traitements cruels, inhumains et dégradants. La Cour a alors ordonné à l’État du Togo de procéder immédiatement et sans délai à la mise en liberté des requérants. La Cour a ensuite condamné l’État du Togo à verser à chaque requérant la somme de trente millions (30.000.000) F CFA en réparation du préjudice moral subi pour la violation de leurs droits. La Cour a imparti un délai de trois (03) mois à l’État du Togo pour s’exécuter. Mais, l’État togolais n’a pas exécuté les décisions de cette Cour de justice.

Pour rappel également, dans son arrêt n°158/2020 du 18 novembre 2020, la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Lomé avait enjoint au magistrat instructeur de faire diligenter une enquête sur les allégations de torture, de traitements inhumains et dégradants infligés à Monsieur Karrou Wawim et ses codétenus dans les différentes unités de détention ou ils ont été retenus. Cette décision n’a jamais été exécutée et ce, en violation des règles de la procédure pénale. Il n’est pas inutile de rappeler enfin que parmi ces personnes détenues pour leurs opinions, après avoir été torturées, neuf (09) sont décédées. C’est dans ce contexte morbide, de désespoir, empreint d’énormes irrégularités, de violations des droits et de la règle de droit, que Monsieur Karrou Wawim et ses codétenus doivent comparaitre le lundi 03 février 2025 devant la Cour d’Assises de Lomé pour être entendus et jugés sur de prétendus faits de complot contre la sécurité intérieure de l’État, groupement de malfaiteurs, troubles aggravés à l’ordre public et destructions volontaires. CET ÉTAT DE NON DROIT DOIT CESSER LE PLUS RAPIDEMENT AU TOGO !

Fait à Paris, le 25 janvier 2025.

Pour CODITOGO, Raphaël GBADOE Coordinateur général.

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