Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le mariage forcé des enfants est un phénomène qui existe bel et bien au Togo. Cette pratique moyenâgeuse est encore en vogue dans certaines communautés. La dernière victime en date est Justine (nom d’emprunt), une adolescente de 13 ans. Mariée de force à un homme déjà lié à deux autres femmes, ne pouvant plus supporter les violences physiques, sexuelles et émotionnelles dont elle est victime, elle a décidé de se suicider.
Ce sont nos confrères de « Afrik-Elles » qui ont révélé l’information. Originaire d’un village près de la ville de Tsévié (dans la préfecture de Zio), la vie de Justine a pris un tournant dramatique lorsque son père a accepté une dot de 127 000 francs CFA, soit environ 190 euros, pour la marier. Sa mère, déchirée par ce choix, a quitté le foyer familial, laissant Justine sans soutien. Dans un ultime geste de désespoir pour se faire entendre et protéger sa jeune sœur du même sort, Justine a tenté de mettre fin à ses jours.
Après avoir bu une substance dangereuse dans une tentative de suicide, Justine a été sauvée de justesse par son oncle, un agent de santé communautaire. « Mariée de force à un homme, Justine a enduré des violences physiques et sexuelles répétées. Chaque tentative de fuite vers sa famille se soldait par un retour forcé chez son bourreau. Dans un acte de désespoir extrême, Justine a tenté de mettre fin à ses jours en buvant une solution dangereuse. Heureusement, son oncle, agent de santé communautaire, l’a trouvée à temps et nous l’a emmenée le 31 décembre dernier », a révélé le Professeur Jules Koffi Guedenou, Chef du Service de Pédiatrie au CHU Tokoin.
Actuellement hospitalisée au CHU Tokoin de Lomé, Justine est dans un état critique, incapable de manger ou de parler. Les examens médicaux ont révélé des plaies le long de son tube digestif causées par la substance qu’elle a ingérée. « Nous l’avons recueillie ici et nous prenons soin d’elle. Nous essayons de la protéger et de la mettre en confiance pour qu’elle nous raconte toute l’histoire afin de pouvoir l’aider. L’une de ses coépouses, ainsi que sa belle-mère et son oncle, sont les seuls à ses côtés à l’hôpital. Le père demeure pour le moment injoignable », a expliqué le Médecin Lieutenant-Colonel Apélété Yawo Agbobli, Directeur du CHU Tokoin.
Cette histoire tragique de Justine est une preuve de l’existence et de la persistance de ce phénomène d’un autre âge sur le sol togolais. La sensibilisation doit être redoublée pour bannir une telle pratique qui continue d’anéantir des vies.