Les divagations de Bawara sur la Constitution de la 5ème République : Monsieur le Ministre, les Togolais ne sont pas dupes !

Depuis la décision brutale et nocturne prise par les députés dont le mandat avait expiré de changer la constitution en basculant le Togo dans un certain régime parlementaire, sans aucun débat public, les mois écoulés ont été marqués par une violence politique et institutionnelle. Dans ce contexte délétère, certains  apparatchiks du régime togolais, se donnent en spectacle en continuant de faire croire aux Togolais les biens fondés d’une initiative dont le soubassement n’est autre que le  maintien au pouvoir, par tous les moyens, d’une minorité qui inflige par leur gouvernance zombie, d’atroces souffrances aux Togolais depuis plusieurs décennies.  

Après la nuit du 26 mars, quand des députés dont la légitimité était remise en causse, ont adopté nuitamment une nouvelle constitution changeant régime présidentiel en régime dit  parlementaire, privant notamment désormais le peuple togolais du pouvoir d’élire le Président de la République, les tenants du régime de Lomé se livrent à un exercice auquel ils  sont habitués : convaincre les Togolais. Pour ce faire, des illusionnistes ont été déployés, mais les Togolais qui ne sont pas dupes ont marqué leur refus de se faire manipuler. Mais au lieu de faire machine arrière, ils perdurent de chercher à persuader les Togolais du bien-fondé d’une constitution taillée sur mesure pour créer le boulevard pour un pouvoir à vie du  Chef de l’Etat Faure Gnassingbé et d’éloigner tous les aspirants de la fonction suprême.

Gilbert Bawara, comme par magie 

Le ministre de la Réforme du service public, du travail et du dialogue social, Gilbert Bawara fait partie des tenants du régime missionnés pour  persuader les Togolais que par magie, et ce, après 38 ans du père et 20 ans du fils, le régime togolais veut s’ouvrir à la démocratie.  Et de raconter aux Togolais que leurs libertés confisquées depuis plus de 60 ans seront garanties. Cette opération de sauvetage du régime en dégringolade qui conduit le pays au bord de la faillite se fait avec des arguties qui frisent le ridicule. Mais, il faut le dire, cela fait bien longtemps, que le ridicule ne met plus mal à l’aise au Togo. 
Dans l’une de ses sorties, il y a quelques jours, le ministre Bawara a encore étalé des arguments dignes d’un apprenti politicien  envoyé dans une cour d’école pour convaincre des élèves qui ignorent tout ou presque du régime togolais et de sa duperie enracinée dans le mensonge politique. 

« La Constitution du 6 mai 2024 est le fruit d’une mûre et profonde analyse qui tire les leçons par rapport aux régimes politiques successifs que notre pays a expérimentés depuis 1961, en passant par 1969 et 1990-1992, et qui ne lui ont apporté ni la cohésion sociale, ni la stabilité durable souhaitée », a déclaré le ministre de la Réforme du service public, du travail et du dialogue social. Et de poursuivre, « elle ne vise et ne profite à personne en particulier. Elle n’est pas destinée à contrarier les ambitions ou les intérêts légitimes de quelques partis ou acteurs que ce soit. Seuls ceux qui avaient tendance à instrumentaliser le régime présidentiel et les élections présidentielles pour tenter d’accréditer un sentiment de crise politique permanente dans notre pays se sentiront lésés ».

Ainsi, pour lui, c’est une Constitution « au service exclusif du Togo. Au service de l’unité du pays et de la cohésion nationale, du dialogue, de la concertation et des échanges permanents entre les acteurs politiques et institutionnels, interdépendants les uns des autres. C’est une Constitution au service de la dépersonnalisation et de la dépersonnification du pouvoir et des institutions . La nouvelle Constitution togolaise est au service de la stabilité indispensable au décollage et à l’émergence économique de notre pays, notamment avec l’instauration de mécanismes souples de désignation des dirigeants et de dévolution des prérogatives de gouvernement. Notre nouvelle Constitution favorisera l’assainissement et la rationalisation du paysage politique ».  

Des arguments laborieux d’un éternel ministre 

Comment les Togolais peuvent-ils croire ces déclarations qui viennent d’une personne qui est ministre depuis presque deux décennies? En effet, qu’avant même d’aller dans le fond de l’argumentaire, Gilbert Bawara est en mauvaise posture. Passons ! 

Fidèle à lui-même et à ses méthodes de communication, le ministre est capable, sans sourciller, d’affirmer dans la même envolée une chose et son contraire. Il nous souvient qu’il y a quelques mois, il apportait un éclairage dénué d’ambigüité sur  les réelles intentions du régime togolais. « C’est donc Faure Gnassingbé qui est désigné pour être président du Conseil », a fait savoir le ministre Bawara. Mais en disant cela, publiquement, le ministre ne trahit aucunement, les secrets du régime. En effet, les Togolais ne sont pas dupes. Ils savent tous que toute cette manœuvre politique liée à la nouvelle constitution a pour ciment le maintien de Faure Gnassingbé au pouvoir. C’est une évidence claire comme l’eau de roche. C’est devenu une évidence pour les apparatchiks du régime togolais que le statu quo entretenu depuis des décennies ne saurait encore perduré. Pour ce faire, le mécanisme trouvé pour maintenir le régime en place est la 5ème République. 

Dans ces conditions, comment peut-on croire sur parole que cette constitution sera « au service de la dépersonnalisa-tion et de la dépersonnification du pouvoir et des institutions » ? Face aux aspirations de justice sociale des Togolais, la ficelle est bien connue pour détourner le peuple : les manœuvres dilatoires pour diviser et agiter les peurs. Mais les Togolais ne sont pas des cons.

Lemy Egblongbéli

Source : Lecorrecteur.tg

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