La vie est chère et presqu’insupportable; on coupe souvent le courant et notre existence s’en retrouve compliquée; le chômage est alarmant, les gens souffrent et la grande majorité veut quitter le pays, comme l’a montré un récent sondage de Afro baromètre.
Si de ce tableau, nous tirons la conclusion que tout le monde veut l’alternance ou du moins un profond changement de la politique et de ses acteurs, on nous dira que cela est faux, parce que les électeurs choisissent toujours majoritairement UNIR et Faure Gnassingbé. Effectivement, ce serait un argument imparable, puisque les résultats électoraux l’attestent. Mais les chiffres publiés par la CENI sont-ils vrais? C’est la grande question.
Ce qui est sûr, c’est qu’il y a plusieurs catégories de votants UNIR. Il y a ceux qui votent UNIR, juste parce qu’on leur fait peur avec le chaos que certains groupes sont capables de créer dans ce pays pour avoir ou garder des privilèges. Il y a ceux qui votent UNIR par défaut, puisque les oppositions sont soit anéanties, soit affaiblies à tel point que les votants doutent de leur capacité à conduire le pays. Certains votent UNIR parce qu’ils ne voient pas qu’il y a un lien entre le parti qui gouverne et le développement économique. Ils se disent donc que UNIR peut garder le pouvoir, mais si les Togolais se mettent au travail, le pays s’en sortira. Ils ignorent que le succès du leadership dépend du leader. Il y a aussi des gens qui votent UNIR par pur égoïsme. Ceux-là sont comme Kodjo qui dit que si UNIR gagne, son cousin qui est dans les BTP va avoir un marché et il pourra travailler sur ses chantiers comme maçon, se fichant totalement de l’avenir du pays.
Ayant devant lui ce Boulevard tranquille et rassurant qui lui permet de toujours gagner les élections, le régime n’a plus besoin de se soucier du bien-être des citoyens. Il a le loisir de faire la politique, pas pour avoir l’estime des gens mais pour récompenser des Abass Kaboua, des Sena Alipui ou des Innocent Kagbara. Il peut faire la politique, juste pour honorer des Barry Moussa Barqué, débaucher des Gomado et des Robert Olympio. Il peut faire la politique pour créer une 5ème République pouvant lui assurer le confort. Pour le peuple, il n’a pas besoin d’assurer plus que strict minimum vital.
Les médias qui devraient éveiller les consciences n’y arrivent pas, car ils sont trop faibles; ils sont faibles comme les partis politiques atomisés et qui ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes, cherchant à survivre plutôt que qu’à chercher à changer les choses. Idem pour les organisations de la société civile. Les intellectuels quant à eux, ils sont habités par la peur, craignant des représailles qui pourraient frapper l’évolution de leurs carrières.
Le peuple souffre, pleure et hurle très fort… en silence. Il hurle en silence pour exprimer son désarroi. Mais aux prochaines élections, on dira qu’il a encore voté UNIR, et il l’aura peut-être fait réellement!
N’djo
Source : sikaajournal.tg