Togo- Médiation RDC-Rwanda : La DMP juge “insultant” le choix de Faure Gnassingbé

La désignation de Faure Gnassingbé comme médiateur dans la crise RDC-Rwanda par l’Union Africaine indigne l’opposition togolaise. Dans un communiqué rendu public ce 14 avril 2025, la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP) s’insurge, y voyant une “insulte au peuple togolais et une complaisance envers un régime autoritaire”. Lisez!

COMMUNIQUE DE PRESSE DE LA DYNAMIQUE POUR LA MAJORITÉ DU PEUPLE (DMP)

Faure Gnassingbé désigné médiateur : une Insulte au peuple togolals et une inquiétante complaisance envers un régime autoritaire de six décennies.

Par décision référencée CCP/OSC/A/A1.106.04.25 rendue publique ce 12 avril 2025, la Commission de l’Union Africaine (UA) a désigné M. Faure Gnassingbé comme médiateur dans la crise opposant la République Démocratique du Congo (RDC) au Rwanda, accusé de soutenir les rebelles du M23 qui occupent depuis plusieurs mois l’Est du territoire congolais.

Cette décision fait suite au retrait du Président angolais S.E. João Manuel Gonçalves Lourenço, qui, dans un geste de lucidité et d’humilité, a reconnu la complexité de la mission et la nécessité de passer le relais. Contre toute attente, c’est lui-même qui aurait proposé le nom de M. Faure Gnassingbé pour lui succéder.

Ce choix a profondément surpris et choqué une large majorité des Togolais. Comment comprendre que l’Angola, après une démonstration de clairvoyance, suggère un dirigeant dont les méthodes autocratiques sont bien connues ? Comment la Commission de l’Union Africaine a-t-elle pu valider une telle recommandation sans prendre en compte le lourd passif politique de M. Gnassingbé?

La DMP rappelle que Faure Gnassingbé a accédé au pouvoir en 2005 dans un bain de sang, faisant plus de 1000 morts, dans une succession dynastique imposée à la suite du décès de son père, Gnassingbé Eyadéma, qui a régné sans partage sur le Togo pendant 38 ans. Depuis lors, le régime togolais s’est distingué par une répression féroce, des violations systématiques des droits humains, l’exil forcé ou l’emprisonnement de nombreux opposants et journalistes, et par un mépris constant de la Constitution, jusqu’à son renversement pur et simple le 6 mai 2024, ouvrant la voie à une présidence à vie.

La DMP s’interroge: l’Union Africaine ignore-t-elle vraiment que le Togo est en voie de monarchisation, que plus de 40% de sa population rêve de fuir la misère et la répression, et que même Kpatcha Gnassingbé, frère du chef de l’État, croupit en prison dans un pays où la justice est aux ordres du pouvoir ?

Peut-on raisonnablement confier une mission de médiation, exigeant hauteur morale et autorité morale, à un dirigeant dont l’unique obsession est de se maintenir au pouvoir a tout prix, et dont la légitimité est contestée depuis vingt ans ? Comment parler de paix en Afrique centrale, quand on piétine la dignité d’un peuple de l’Afrique de l’Ouest ? La DMP estime que le choix porté sur Faure Gnassingbé est une insulte au peuple togolais, d’autant plus qu’à compter du 4 mai 2025, il ne détiendra plus aucun mandat démocratique et ne pourra plus prétendre représenter le Togo.

La DMP exprime sa plus vive indignation et demande solennellement à la Commission de l’Union Africaine de reconsidérer cette décision, au nom du respect des peuples africains et en particulier du peuple togolais, dont l’honneur ne doit pas être sacrifié sur l’autel d’une diplomatie de façade.

Fait à Lomé, le 14 avril 2025

La Conférence des Présidents

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